Jambinai est un groupe sud-coréen formé en 2009 sous le label Bella Union. Il est composé de trois membres : IlWoo Lee (Guitare, Taepyeongso, Chant, Piri), Bomi Kim (Haegeum) et EunYong Sim (Geomungo).
Sur scène ils sont accompagnés du bassiste ByeongKoo Yu et du batteur JaeHyuk Choi.
On entend beaucoup parler de la K-Pop mais malheureusement beaucoup moins de la scène indépendante et des artistes comme Jambinai. Ce trio a su trouver et forger son univers musical au fur-et-à-mesure du temps, amenant dans la musique moderne du 21ème siècle des instruments traditionnels coréens peu habituels et souvent inconnus à nos oreilles mais qui ont un charme sans pareil.
Le trio s’est créé alors qu’ils étaient à l’université partageant tous cette même passion pour les instruments traditionnels et une envie de les utiliser d’une autre façon. Quelques années plus tard, il semble donc que le pari soit réussi puisque Jambinai se produit à présent dans le monde entier pour partager sa musique mêlant Corée moderne et Corée traditionnelle.
Le jeudi 20 avril, les Jambinai sont passés par Joué-Les-Tours en Indre et Loire pour un concert assez intimiste dans la salle du Temps Machine. Bien que ce ne soit pas une ville de l’ampleur de Paris, il y avait bel et bien des vrais fans du groupe dans la salle ! Certains habitent dans les environs d’autres viennent de plus loin dans le département, et d’autres encore suivent le groupe sur ses dates françaises.
Les trois jeunes musiciens jouent des instruments un peu curieux. En effet on retrouve au centre de la scène le chanteur IlWoo Lee, qui passe de sa guitare électrique à un Piri, sorte de hautbois en bambou cylindrique à double hanche, puis au Taepyeongso qui signifie littéralement « flûte de bambou de la paix ». C’est aussi une sorte de hautbois en bambou mais qui se termine avec une embouchure en métal et un cornet en forme de coupe. IlWoo Lee introduit souvent les premières notes des chansons pour venir y superposer les autres instruments petit à petit à l’aide de l’informatique, créant une musique de plus en plus complexe et enivrante à laquelle s’ajoute en dernier la batterie la plupart du temps. Cette dernière apporte le rythme accéléré qui fait passer d’un son calme à une musique proche du métal.
A sa gauche se trouvait EunYong Sim accompagnée de son geomungo : c’est un instrument à cordes de la famille des cithares. Il se joue assis sur le sol en frottant les cordes avec un petit bâton en bambou appelé suldae qui se tient entre l’index et le majeur de la main droite pendant que la main gauche appuie sur les cordes pour produire différents sons, différentes notes.
A sa droite se trouvait Bomi Kim, alternant entre un petit glockenspiel en bois et un haegum. Le glockenspiel est un instrument de musique à percussion rappelant un peu le son d’un carillon. Quant au haegum, c’est un instrument encore moins commun à nos yeux, bien que très utilisé en Corée, mais au son impressionnant et hypnotisant ! Je pourrais l’écouter pendant des heures tellement le son qui en émane est sublime. Il s’agit en fait d’un instrument à cordes qui pourrait faire penser à un violon bien que la forme soit différente. Il est fait d’une tige en bois sous laquelle se trouve une boîte sonore creuse elle aussi en bois et de deux cordes en soie tendues. Il se tient verticalement et est posé sur les genoux et joué avec un arc.
Le chanteur IlWoo Lee a fait référence à l’accident du Sewol qui a eu lieu en Corée il y a maintenant trois ans, expliquant que le titre qu’ils allaient interpréter, « They Keep Silence 그들은 말이 없다 », fait référence à cet événement tragique où de nombreux innocents ont perdu la vie dans les eaux froides du sud de la Corée. Il a exprimé sa colère contre le gouvernement qui « n’a rien fait pour les sauver » et contre la présidente « maintenant ex-présidente » précise-t-il qui n’a pas su agir comme il fallait. On sentait la colère dans sa voix et dans ses yeux, et l’approbation silencieuse de ses propos par les autres membres du groupe présents sur scène.
Vous pouvez visionner le clip de cette chanson ci-dessous :
Tout au long du concert ils ont emporté le public mélangeant des sonorités lyriques pour ensuite augmenter le volume subitement avec force passant à un univers métal-folk avant de soudain revenir sur des accords acoustiques. Cette fusion musicale est à la fois inattendue et saisissante mais reste toujours totalement et parfaitement contrôlée. Ce changement de rythmes et la diversité des instruments créent une atmosphère particulière et une ambiance qui peut varier en seulement quelques secondes.
Après une dernière chanson issue de leur album « a Hermitage » sorti le 17 juin 2016, le groupe a remercié le public puis a finalement quitté la scène.
Cependant ils ne sont pas partis longtemps, le public les encourageant à revenir. Ils ont alors interprété un dernier titre issu de leur tout premier album pour finir sur une note un peu nostalgique.
Le concert aura duré un peu plus d’une heure, très intense mais tout de même reposant ou apaisant serait peut-être plus approprié. Petite note pour les fans, ils ont déjà précisé qu’ils seraient bientôt de retour ! On devrait donc les revoir pour une nouvelle tournée d’ici l’année prochaine.
Un grand merci à Jambinai pour ce moment de partage musical et d’émotions.
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