Le 16 novembre, le rappeur San E a pris parti dans les débats sur l’égalité des sexes avec la composition de la chanson “Feminist”.
Il a sorti cette chanson trois jours après la polémique sur l’incident qui s’est produit près de la station de métro Isu en Corée, confrontant deux femmes et trois hommes dans une altercation physique à la suite d’une conversation sur le féminisme. Les deux côtés ont fait des déclarations différentes quant aux personnes qui auraient déclencher l’altercation physique en premier, et la police a mené son enquête. Le 15 novembre, San E a posté une vidéo des commentaires des femmes qui déclarent que la bagarre a été provoquée par les hommes, ce qui lui a valu d’être critiqué pour le montage faussé de la vidéo.
Dans sa nouvelle chanson, sortie donc le jour d’après, il se nomme lui-même féministe, mais déclare ne pas comprendre les débats féministes des temps modernes : “Si ma grand-mère l’avait dit, j’aurais pu le comprendre / Mais qu’est-ce qui a été injuste dans ta vie ?”
Selon San E, les données de l’OCDE sur l’écart de salaire entre les hommes et les femmes en 2017 (le plus élevé parmi les pays de l’OCDE) est “fucking fake fact“, et le rappeur déclare “Si vous voulez à ce point des droits, pourquoi ne vous engagez-vous pas dans l’armée / pourquoi c’est moi qui invite ?” en faisant référence au service militaire obligatoire en Corée pour les hommes : “Les hommes sont victimes du confucianisme et du patriarcat aussi.”
Dans un autre couplet, le rappeur montre son soutien au mouvement Me Too, condamnant les coupables, les “situations extrêmes”. Mais San E déclare que tous les hommes sont mis à tord dans le même panier que les coupables, et critiquent les femmes pour “vendre leur corps et faire de l’argent“, en clamant “moi aussi“.
San E a demandé au Ministère de l’égalité des genres de se débarrasser de la misandrie (opposé de la misogynie) et de dénoncer Womad, une communauté internet radicale coréenne connu pour son credo anti-homme.
Dans les dernières lignes, San E déclare être du côté des femmes, et il espère qu’un jour “les femmes puissent librement errer autour de la station Gangnam”, référence à l’assassinat en 2016 d’une jeune femme dans des toilettes publiques de Gangnam.
Après la sortie de la chanson, l’agence de San E Brand New Music a déclaré ne pas être au courant des activités de San E et de la sortie de cette chanson, et qu’elle ne s’implique pas immédiatement dans les affaires concernant les réseaux sociaux personnels de l’artiste.
Visionnez le clip ici !
Immédiatement, la chanson a fait polémique et a reçu de nombreuses critiques, dont deux de la part des rappeurs Jerry K et SLEEQ.
Jerry K a sorti “No You Are Not” sur le compte Youtube de la chaîne de son label Daze Alive. La chanson fait directement référence à certains points relevés dans les paroles de “Feminist”.
Dans “No You Are Not”, Jerry K dit que “la seule chose que tu as dite sur laquelle tu as raison, nous sommes victimes du patriarcat”. Il fait aussi référence à la chanson qu’il a lui-même écrite quelques années plus tôt, intitulée “You’re Not A Lady“, qu’il regrette désormais.
La fin du morceau se termine par une phrase poignante à l’attention directe de San E :
“Non tu n’es pas un féministe.”
La rappeuse SLEEQ, du même label que Jerry.K a elle aussi répondu à San E en répondant par sa nouvelle chanson intitulée “Equalist”, sortie le 18 novembre. Voici quelques paroles adressées directement à San E :
“Ce que je veux
Que les hommes ne tuent pas les femmes
Que les hommes ne violent pas les femmes
Que les hommes ne frappent pas les femmes
Que les hommes ne jettent pas la faute sur les victimes qu’ils ont tuées, violées et frappées
Que les hommes ne rejettent pas les femmes en dehors du système en nous disant qu’on le corrompt.
On devrait tous être féministe.”
A la suite de ces réponses, San E a posté une explication sur son compte Instagram.
“Bonjour, c’est San E.
Je pensais que si j’écrivais une explication, elle pourrait être confondue en excuse et les gens m’accuseraient de changer d’avis en fonction de la réaction des gens. J’ai proposé une chanson et c’est le travail du public de la juger. Etant donné que je pensais que quelqu’un comprendrait le véritable sens de la chanson, j’ai pensé qu’il valait mieux que je reste silencieux.
Mais quelqu’un que j’aime, une fan et une amie qui me soutient depuis 10 ans, m’a récemment dit qu’elle s’était sentie trahie et qu’elle regrettait le temps qu’elle a passé à être ma fan. Quand j’ai vu ce qu’elle m’avait écrit, me demandant si les paroles correspondaient vraiment à ce que je ressentais et me disant que je devais me réveiller et prendre conscience que ce n’était pas bon, j’ai décidé que ça importait peu si les autres personnes prenaient ce message comme excuse.
‘Feminist’ n’est pas une chanson qui exprime de la haine envers les femmes. Si vous écoutez la chanson une fois de plus, vous verrez que le narrateur de la chanson ce n’est pas moi. J’aime les livres et les films avec cette perspective là et j’ai pensé qu’il fallait que je fasse de même pour ma chanson pour que les gens puissent comprendre ce que j’ai voulu faire. Il semble que [le cadre] est faible. J’ai choisi ce thème afin de dénoncer vigoureusement le problème sociétal de cette haine entre les hommes et les femmes. La visée originale de la chanson est de critiquer les gens comme le narrateur de la chanson : les gens qui disent respecter le féminisme, l’égalité des genres, et les femmes de l’extérieur mais qui sont de l’intérieur hypocrites et contradictoires avec leurs mots dans leur manière d’agir et de parler des femmes. J’espère que cette explication pourra rassurer mon amie et les personnes qui pensent comme elle.”
San E a ensuite posé une explication linéaire des paroles de “Feminist” :
“Premièrement, le narrateur se présente en tant que féministe et partisan de l’égalité des sexes. Il vient avec l’argument puéril de parler des femmes et de la mère en premier. Il dit n’avoir lu qu’un livre. Dans ce cas, il est plus simple pour quelqu’un d’être naïf et fermé d’esprit, et c’est particulièrement plus difficile d’avoir un point de vue large dans une expertise.
Au début, il est dans le mouvement où il se réclame du côté des femmes. De là, les vrais sentiments du narrateur commencent à émerger. Le rapport de l’OCDE sur l’écart de salaires entre les hommes et les femmes, est, comme le dit l’acteur Son Soo Hyun, un fait [établi]. Mais le narrateur est quelqu’un qui croit en des rumeurs fausses, comme celle du Ministère de l’égalité des genres qui aurait tenté de se débarrasser de Jolly Pong (une friandise coréenne) parce que ça ressemblerait à des sexes féminins. Il croit aux informations qu’il a trouvé en ligne plutôt qu’aux faits.
Comme vous le savez, j’ai émigré quand j’étais petit et j’ai la nationalité américaine. En ceci, le service militaire n’est pas quelque chose sur lequel j’ai le droit de spéculer. Pour se protéger, le narrateur fait des déclarations puériles.
A la fin, il s’énerve et dit avec sarcasme qu’il s’agit de la faute du système. Cependant, il insiste toujours sur le fait qu’il soit féministe. Le narrateur s’énerve contre une femme qui dénonce les standards de beauté en se coupant les cheveux courts et dit qu’il ne la comprend pas. Il montre ensuite son côté conservateur et contradictoire en disant qu’il aime les cheveux longs et qu’il ne veut pas que les femmes changent ceci.
Je n’ai pas de sœur [comme le narrateur dans la chanson]. Le narrateur dit vivement en prenant un verre avec une femme qu’il n’est pas le même que les autres hommes qui ont commis des crimes. Il tente de convaincre une femme ivre qu’elle peut lui faire confiance. Après ça… Bien, je pense que vous avez compris ce qui s’est passé sans que je n’ai besoin de le dire.”
San E a conclu son explication avec les mots suivants :
“Le narrateur ne représente pas tous les hommes. Je ne dis même pas que tous les hommes pensent de cette manière. Les hommes et femmes rationnels se respectent et s’aiment. Je ne nierai pas l’existence de Megalia et Womad, mais [ces groupes] ne sont pas féministes. Ils ne sont pas des groupes pour l’égalité des sexes mais pour l’aversion des sexes comme Ilbe. Nous reconnaissons le fait que nous sommes dans un monde où les femmes peuvent devenir la cible de crimes juste parce qu’elles sont des femmes. Quand j’entends de mes amis femmes qu’elles traversent des choses effrayantes quotidiennement dans leur vie en tant que femmes, je suis surpris et compatissant. J’ai conscience que parce que je ne suis pas une femme, j’aurais des difficultés à comprendre complètement et à être concerné par ces expériences, à moins que je ne naisse dans ma prochaine vie en tant que femme. Cependant, les hommes ne veulent pas non plus vivre dans un monde où les gens doivent avoir peur des crimes qui peuvent se produire à tout moment. Je ne crois pas qu’attaquer tous les hommes soit une approche légitime. Je suis désolé, j’espère que les méprises ont été rattrapées. J’accepterai avec humilité les prochaines critiques.”
Toutefois, le 20 novembre, une source de “Respect” a annoncé que l’apparition de San E à l’événement pour promouvoir ce film documentaire a été annulée.
“Respect” est un documentaire de hip-hop qui a pour acteurs The Quiett, Doki, Deepflow, MC Meta, Been zino, Swings, Jerry.k, JJK, Tiger JK et Paloalto. Le film prévoit une conférence le 30 novembre, pendant laquelle le casting s’installera et partagera des histoires du tournage et l’annulation de la présence de San E a alors été annoncée.
Une source de “Respect” a commenté :
“San E était à l’origine prévu pour l’événement, mais son apparition a été annulée.”
L’agence de San E a aussi confirmé cette annulation. Un événement gv est une opportunité pour les membres du casting de partager des histoires sur le film, mais avec autant de débats autour de la polémique sur sa chanson “Feminist”, les deux côtés ont tiré la conclusion qu’il était mieux si San E annulait son apparition pour se concentrer sur le film et non des potentiels débats entre les rappeurs. A la place, Swings, Deepflow et The Quiett seront présents. “Respect” est prévu dans les cinémas coréens le 28 novembre.
Source : Soompi