Shonen Knife’s interview is available in English on the second page!
Les groupes de rock du moment auraient beaucoup à apprendre des vétérans féminines du rock japonais ! Kurt Cobain les admirait, et on comprend pourquoi. Shonen Knife a été formé en 1981 au Japon par Naoko et son amie, très vite rejoints par sa sœur et plusieurs musiciennes prodiges passionnées par un genre aux antipodes des codes de la société nippone de l’époque. À travers bien des épreuves, les petits bouts de femmes devenues des légendes ont su laisser leur marque sur la scène du rock et prouver que le punk n’est pas seulement l’affaire des hommes !
Les Shonen Knife actuelles se composent de Naoko, Atsuko et Risa, la batteuse benjamine plus énergique que jamais. C’est au Petit Bain qu’elles ont donné rendez-vous à leur public dans un concert organisé par Voulez-Vous Danser.
Avant d’entamer les festivités et de parler de l’expérience du concert, l’équipe de CKJ a tenu à vous présenter le groupe très expérimenté à travers l’entrevue pleine d’humour ci-dessous. On se retrouve en bas pour le compte rendu du show !
Interview
Bonjour, pouvez-vous commencer par présenter le groupe ?
Naoko : Nous sommes Shonen Knife, nous nous sommes formées en 1981. Depuis, nous n’avons jamais cessé de faire de la musique et des tournées dans le monde entier.
Comment êtes-vous arrivées à ce groupe toutes les trois ?
Naoko : D’abord, nous avions une bassiste. Elle et moi, on est allé dans la même université. On est devenues amies. On voulait faire quelque chose d’intéressant : elle a choisi la basse et j’ai choisi la guitare. J’ai alors recherché une batteuse. J’ai demandé à ma petite sœur Atsuko de se mettre à la batterie. En 1999, notre bassiste a quitté le groupe. Atsuko, la batteuse, est donc devenue bassiste !
De là, après des changements de batteuse, c’est Risa qui nous a rejoint il y a trois ans. Elle formait un groupe avec sa petite sœur et son père, et ils reprenaient ensemble des chansons de Shonen Knife. Elle jouait vraiment bien. Quand notre batteuse est partie, on lui a demandé d’intégrer le groupe !
La musique a-t-elle toujours été un rêve pour vous, depuis votre enfance ?
Naoko : Hmm. Oui, bien évidemment ! J’étais une grande fan de musique rock, surtout le rock britannique des années 70 et le rock américain. Depuis quelques temps, j’écoute pas seulement du rock, mais aussi de la soul, de la musique disco, mais j’aime la musique rock. Si je fais des morceaux, et que les gens sont heureux, la musique est un vrai plaisir.
Si certaines personnes ne vous connaissent pas, quelle chanson qui incarne le mieux le groupe recommanderiez-vous ?
Atsuko, Naoko : Toutes ! (rires) C’est dur de choisir. Peut-être « Riding on the Rocket ». C’est à la fois rock, mignon et puissant.
Vous abordez de nombreux sujets dans vos morceaux, quels sont vos deux thèmes favoris ?
Naoko : De loin la nourriture et les animaux ! Depuis peu, on apprécie chanter à propos de nourriture. C’est vraiment drôle.
Aimez-vous manger ?
Naoko : Oui ! (rires) Toujours.
Un plat japonais à nous recommander ?
Naoko : J’ai senti de la nourriture japonaise, le pancake japonais, l’okonomiyaki. L’odeur m’a fait penser à de l’okonomiyaki (rires). Nous aimons aussi le riz au curry, et la soupe de udon.
La culture japonaise ne cesse de s’étendre en France depuis quelques années. Que pensez-vous de ces étrangers passionnés par le Japon ?
Naoko : Je suis très heureuse que beaucoup d’étrangers s’intéressent au Japon, surtout à sa culture. Nous avons une longue histoire et des choses ancestrales. Par exemple, à Kyoto, on peut voir des temples et un véritable art. Mais nous avons aussi une culture plus populaire, les mangas, les animes ou encore les jeux vidéos. Donc j’espère que tout le monde apprécie ça.
Vous êtes inspirées par le rock britannique et américain, et en tant que femmes, vous êtes vous-mêmes influentes dans le monde, surtout aux yeux de certains groupes. Qu’en pensez-vous ?
Naoko : J’ai été influencée par la musique des années 70. Si les gens de nos jours sont inspirés par Shonen Knife, c’est que c’est ancré dans l’histoire du rock, qui continuera pour toujours.
Vous êtes nées à Osaka, pouvez-vous nous en parler ?
Naoko : Je pense que les gens d’Osaka sont très amicaux et que la nourriture y est délicieuse et pas chère. Tokyo est le centre du Japon. Là-bas, les gens de la province se rassemblent. À Osaka, les gens sont souples. Récemment, nous avons vu beaucoup d’étrangers, surtout venant d’Asie, donc je pense que c’est un lieu génial.
Y’a-t-il quelque chose qui vous intrigue dans la culture française ?
Naoko : J’ai l’impression que les français n’écoutent pas beaucoup de rock.
CKJ : Ce n’est pas faux.
Atsuko : J’aime la mode, j’ai étudié la mode. J’ai créé ces costumes que nous portons là. Donc j’aime Paris !
Naoko : Atsuko et moi jouons au tennis. Nous adorons ça ! Il y a un peu plus de dix ans, nous sommes venues assister à Roland Garros. Le tennis est superbe en France !
Qu’avez-vous prévu après la tournée ?
Naoko : Nous avons trois concerts au Japon, après lesquels nous partirons pour la Grande-Bretagne pendant deux semaines, puis nous reviendrons au Japon et nous repartirons en Amérique du Nord pour cinq-six semaines, et nous reviendrons de nouveau au Japon et nous envolerons pour l’Australie et la Nouvelle-Zelande (rires). On peut vraiment appeler ça une tournée mondiale !
Comment imaginez-vous Shonen Knife dans dix ans ?
Naoko : Je ne sais pas si je serai toujours vivante ! (rires) Mais si j’ai suffisamment de force, j’aimerais continuer de jouer avec le groupe, et de faire de la musique.
Y’a-t-il un projet qui vous tient particulièrement à cœur à l’avenir ?
Naoko : À propos de l’avenir proche, nous sortirons notre nouvel album intitulé « Sweet Candy Power » en juin. Après cette sortie, nous ferons notre tournée mondiale. De là, j’entamerai sûrement la production de nouvelles chansons.
Comptez-vous jouer quelques uns de vos nouveaux titres ce soir ?
Naoko : Certains de notre nouvel album !
Avez-vous un dernier message pour nos lecteurs ?
Naoko : C’est très rare pour Shonen Knife de venir en France mais j’espère que beaucoup de gens écouteront notre musique. Nous voudrions revenir en France et à Paris encore, de plus en plus.
Quelques mots en français ?
Naoko : Où sont les toilettes ? (rires)
Atsuko : Du café au lait s’il vous plaît !
CKJ : C’est toujours utile ! (rires)
Risa : « Bonjour » et « Merci ».
Live Report
Après cette délicieuse entrevue, nous sommes donc descendues dans la salle de concert du Petit Bain, une péniche qui n’a pas manqué de tanguer sous les vibrations des enceintes. La première partie, qui n’est autre que le groupe SUN, a réuni les metalleux et les initiés d’un rock qui mêle chant guttural et batterie enflammé.
La salle s’est progressivement réchauffée lors du set de SUN, pour finalement accueillir peu avant 21h le trio tant attendu Shonen Knife ! Le public, qu’on a senti particulièrement connaisseur, a acclamé alors les trois artistes hautes en couleurs.
Dès le début, l’influence d’un rock indépendant britannique bien pêchu s’est fait ressentir. L’énergie était au rendez-vous, l’expérience aussi, et on a pu apprécier le sourire de la batteuse, visiblement très heureuse de faire ses premières expériences dans la capitale française. Contrairement aux deux sœurs, Risa – loin d’être novice en musique – est avide d’expérimentation et ça se ressent beaucoup en live, puisqu’elle apporte clairement plus de peps au groupe !
Naoko, la leader, a pris la parole avec un regard qui en dit long sur sa maturité :
“Merci pour les applaudissements. Je suis très heureuse de revenir à Paris, la ville du rock. Je sais dire “où sont les toilettes ?” ! (rires)
Le groupe s’est élancé de nouveau dans une séquence plus rock’n’roll cette fois-ci. La basse a résonné davantage et fait vibrer les murs de la salle. Entre douceur et puissance, les Shonen Knife nous ont prouvé qu’elles en avaient sous le pied. Attention à ne pas les sous-estimer, elles ont travaillé avec les plus grands et l’ont bien fait savoir sur la scène parisienne !
Naoko a profité de ce concert pour rappeler que leur nouvel album, du même nom que la chanson-titre qui le compose, “Sweet Candy Power” – version japonaise toute mignonne – allait sortir le 5 juin. Pourquoi “sweet” ? Parce que les Shonen Knife sont aussi débordantes de douceur et d’affection, et qu’elles sont de grandes amatrices de la nourriture sucrée ! Le concert s’est poursuivi alors sur une série de morceaux qui témoignent de leur obsession pour la nourriture et des différentes saveurs qu’elles-mêmes incarnent ; on est notamment passé alors de “Sushi Bar Song” à “Hot Hot Wasabi”.
Les Shonen Knife se sont également officiellement présentées alors, sous les applaudissements des fans qui ont levé leurs mains, façon “longue vie au rock” :
“Je suis Risa, je suis très heureuse de venir à Paris !”
“Bonjour Paris, je suis Atsuko. Est-ce que vous vous amusez ? Nous sommes très contentes d’être ici et nous vous remercions.”
Les Shonen Knife sont aussi leurs propres designers, puisque Atsuko n’a pas manqué d’ajouter qu’elle est à l’origine des tenues de scène du groupe, sous les sourires fiers des dizaines de fans qui étaient présents dans la salle flottante.
Parmi les chansons marquantes de cette soirée-là, le public a eu notamment l’opportunité de découvrir “Green Tangerine”, autrement dit “clémentine verte“, de quoi intriguer les fans par ce nom quelque peu loufoque. Comme le titre, le morceau est bien acidulé et nous plonge alors dans un rock des années 90 qu’on n’entend plus si souvent de nos jours, et qui berce nos oreilles – mais pas la salle ! -.
Mention spéciale à Risa, la petite batteuse, qui nous a épaté par son énergie phénoménale et sa vigueur !
Le trio Shonen Knife a fini de jouer lors de son escale parisienne en revêtant les T-shirts tous droit sortis de l’imagination – eh oui ! – de Astuko, à l’effigie de leur tournée.
En soi, un concert sympathique qui a mis en lumière avec brio l’expérience exceptionnelle des talentueuses Shonen Knife !
Merci à Voulez-Vous Danser et bien entendu aux Shonen Knife pour la tenue de ce superbe concert !