La playlist évasion d’Okame – Partie 2
EXO : quand la Corée devient un “El Dorado”
Assurément, le tube le plus marquant des EXO est “El Dorado”, une oeuvre épique que les compositeurs de films historiques s’arracheraient sans doute ! EXO n’ont pas froid aux yeux et honorent leur réputation de bombe lancée par la SM, destinée à tout ravager sur son passage. Notre histoire d’amour avec EXO commence à leurs prémices, en 2012, alors même que toutes les jeunes femmes bavent sur un Kai tout frais, danseur expérimenté dans la série interminable de teasers.. Après un showcase envoûtant, on s’éprend de ces douze petites perles, qui se lancent dans une escapade plus ou moins tumultueuse. Malgré les épreuves, les EXO ne sont définitivement pas prêts à se casser la tronche sur la montagne du succès et avec “El Dorado”, le groupe ne nous attire pas seulement dans ses filets, mais bien dans son monde !
Tournant évident pour notre affection à l’égard de la Corée du Sud, “El Dorado” ouvre les portes d’un eldorado spirituel pour ce pays, qui jusque là était un eldorado du divertissement. Et allez savoir pourquoi, alors que le morceau n’a rien à voir avec tout ça, on se met à avoir envie de creuser plus loin, de lire des bouquins, de découvrir tout de sa politique et de ses traditions. Jusqu’encore aujourd’hui, on ignore si ce sont les highnotes de Baekhyun ou la puissance de Chen qui nous a complètement fait vriller l’esprit, mais on sait que même les morceaux qu’on affectionne le plus, dont “Julia” et “The Chaser” des INFINITE ou “You Are The One” des Super Junior n’avaient pas réussi à nous ensorceler autant…
Cela dit, pour en revenir à “El Dorado”, le morceau pullule de production SM, mais la bonne, celle qui nous fascine par sa qualité, par ses sonorités venus de l’espace et qui nous prouve que le travail autour d’EXO est le préambule d’une génération de compositeurs à la recherche de toujours plus d’innovation. Et même si aujourd’hui on peut se satisfaire d’avoir sur le marché les pirates ATEEZ ou les divinités grecques de “Dionysus” des BTS, on reste accroché à la fibre des EXO aventuriers, à leur univers parallèle et à la pépite d’or qu’est “El Dorado”. Adieu cités Mayas et Incas, nous voilà débarqués pour un voyage sans fin vers la Corée !
La ballade rock ne désarme pas !
Quasi huit ans séparent nos quatre morceaux de rock coréen les plus affectionnés. Du rock brut et sombre de “Why” de CNBLUE, à l’appel à l’aide déchirant de “I need somebody” de DAY6 en passant par le mélancolique “Lost One” de Epik High en collaboration avec NELL et la ballade romantique et sensible “Take Me Down” de The Rose, c’est pas moins de trois genres complètement différents qu’on explore.
Même si le paysage pop coréen évolue, une chose est sûre, c’est que le rock traverse les épreuves sans jamais faiblir, et on est sûr de pouvoir trouver sa ‘came’ chaque année.
En 2010, les rebelles de la FNC sortent “Bluetory”, un album spectaculaire où “Why”, une piste de ‘second plan’, détonne par sa ligne mélodique délicieuse et la noirceur de son atmosphère, lourde. La pâte de musiciens qui ont entamé leur carrière avec le busking est nettement appréciable et si l’on veut se délecter d’une version encore plus explosive, les performances live sont idéales tant le groupe déborde d’énergie et de maîtrise de la scène. Et si on comprend tout à fait que certains boycottent désormais le groupe avec les récents scandales, on n’en reste pas moins touché par la fougue et l’impétuosité d’un morceau à tenir indépendamment de tout clivage.
Quelques années plus tard, “Take Me Down” et “I Need Somebody” déboulent avec tout le désespoir qu’ils portent. Si on les compare, c’est parce qu’on les a découverts en même temps, et que l’amitié indéfectible entre DAY6 et The Rose illustre avec douceur l’esprit ‘rivaux mais pas trop’ du macrocosme rock coréen. Face au grain de voix singulier de Woosung sur une teinte grisée, YoungK puise dans ses entrailles la tonalité que peut revêtir une phrase aussi forte que “pourquoi suis-je seul ?”. On ne sait plus où donner de la tête avec cette famille rock, progéniture des 70s et 90s, prête à assurer la postérité d’un bataillon rock sud-coréen qui ne s’insurge non pas contre la pop, mais contre les préjugés dont elle est victime !
Et puis à côté de cet escadron de jeunes surdoués, on s’incline devant la noblesse des Epik High, instigateurs d’une alliance rap-rock pour tous les téméraires, décidés à soutenir les potentielles crises et révolutions de l’industrie K-pop. Avec “Lost One”, Tablo associe sa voix à celle de NELL, pour un pur voyage introspectif et sensoriel de près de 5 minutes, où la bande-son s’assigne comme une voix aussi émouvante que les paroles murmurées. L’équilibre du morceau revendique sa poésie, et les lyrics une maturité inouïe des artistes. Epik High font définitivement partie des joyaux de l’industrie coréenne indé, et révolutionnent les idées arrêtées des plus réticents.
Le rock coréen est bien loin de s’essouffler !
Lee Hyori, une “Miss Korea” pas tout à fait comme les autres !
Sulfureuse et caractérielle, Lee Hyori assume toutes les facettes de la “Bad Girl” bien fondée, de la pin-up rétro des 60s qui refuse d’être assimilée à tous les diktats de la beauté dans “Miss Korea”, à la sensualité d’une cowgirl dans “Black” en passant par l’espièglerie et la malice du funky “10 minutes” et “U-go Girl” ! Avec “Seoul”, la diva finit de nous aspirer par son côté libéré et son envie d’évasion. Terriblement insurrectionnelle, Lee Hyori devient cette figure d’une femme de caractère, ingénieuse, égérie d’un vent de liberté.
Pendant des années, on aura admiré et fantasmé cette femme qui préfère de loin la nature à l’humain, cette femme tantôt homme, tantôt femme, qui n’hésite pas à se mettre en scène et à “choquer”, à provoquer, à défier les intolérants, mais aussi à inspirer intrépidité aux moins confiants. Lee Hyori appelle à parler haut et fort, et sa musique n’est que l’évidence de sa persévérance et de son cachet. Si Lee Hyori a cherché à se pacifier avec le temps, elle reste à nos yeux au sommet de son trône, et sa virtuosité continuera de nous enfiévrer !
C’est cette image-là qu’on a envie de conserver : celle d’une femme à l’apogée de sa maturité, qui ne laisse sa vie être dictée par personne, si ce n’est par ses propres mouvements, d’une fluidité qui défie la grâce des danseurs contemporains. On aime la Lee Hyori libre de l’île de Jeju, la femme accomplie et authentique qui revient à ses racines dans “Seoul”.