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Le 30 janvier dernier, l’équipe de l’agence real japanese hip-hop a décidé de concrétiser un projet ambitieux et surprenant, en réunissant deux artistes du hip-hop japonais (Tigarah et ISH-ONE) aux côtés d’un DJ français inspiré par le milieu underground japonais, Sonikem.
C’est dans la petite salle de La Place, située sur la Canopée de Châtelet à Paris que s’est déroulé ce concert, accueillant aux environs d’une centaine de personnes, des passionnés de hip-hop japonais aux badauds en quête d’un univers nouveau. En plus de ces trois artistes, nous avons eu la chance de découvrir le jeune Aran, peut-être futur prodige du rap japonais, dans un titre interprété aux côtés de ISH-ONE.
L’équipe de CKJ a eu la chance de s’entretenir avec ces deux rappeurs, aux grands projets. Profitez bien de votre lecture !
Pouvez-vous commencer par vous présenter à nos lecteurs ?
ISH-ONE : Salut, quoi de beau CKJ !! Je m’appelle “ISH-ONE”. Je suis un rappeur, chanteur et producteur et je suis le représentant des agences Yingyang et Team2mvch.
Parlez-nous un peu de votre début de votre carrière dans la musique et de votre attrait pour le hip-hop underground ?
ISH-ONE : Après être parti de New York pour revenir à Tokyo, j’ai monté mon label “Yingyang Production” en 2016. J’ai sorti mon premier album “ST-ILL” qui s’est vendu rapidement à 1000 exemplaires en un mois. Je sentais que je pouvais accomplir quelque chose avec cette musique. Les gens ont progressivement commencé à me considérer comme un nouveau ninja de new-york sur la scène du hip-hop japonais.
Vous êtes à l’origine de la majorité de vos singles. D’où tirez-vous vos inspirations pour toutes ces chansons ?
ISH-ONE : Des choses se passent dans ma vie, dans la vie de mes amis. Ça me pousse à créer davantage. Vivre en tant qu’artiste de hip-hop n’est pas habituel pour un japonais. Donc nous profitons de notre vie et nous écrivons à son propos. Je pense que les gens s’intéressent alors aux sujets que je peux chanter.
Quelle est la chanson qui représente le plus votre univers ?
ISH-ONE : Je pense que c’est “NEW MONEY”. Cette chanson m’a propulsé au Japon.
Quel était l’opus le plus difficile à travailler ? Pourquoi ?
ISH-ONE : J’écris des chansons tous les jours sans arrêt. Donc la chose la plus difficile est de garder mon esprit ouvert et frais et de conserver ma passion, me concentrer et créer. J’ai besoin d’expérimenter de nouvelles choses pour chaque chanson que je compose car ça nourrit mon appétit de création musicale.
Y a t’il des sujets dont vous n’avez pas parlé et que vous voudriez essayer ?
ISH-ONE : La violence domestique au Japon. Des parents tuent leurs propres enfants avec violence. C’est un bordel. Donc j’ai écris une chanson intitulée “DIE 2 SOON”, produite par DELMONTE. Elle parle de la violence domestique. Elle est plutôt sombre.
Des artistes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer ?
ISH-ONE : Quiconque est réellement passionné et talentueux. Je le ferai.
L’année dernière, vous avez fait la rencontre d’Azuma Mazi et vous avez monté le duo SIXSIXSIK. Comment vous-êtes vous rencontrés ? Pourquoi avoir décidé de constituer cette formation plutôt qu’une simple collaboration ?
ISH-ONE : Mon ami rappeur RWEMY me l’a présenté. Il m’a dit : “hey, tu dois absolument rencontrer ce type Azuma. Il rappe et chante vraiment bien dans son style bilingue.” A l’époque, je voulais faire de l’international, alors on s’est rencontré au studio tranquillement et on a improvisé. De là, j’ai rapidement accroché avec lui. Nos styles se ressemblent -on rappe et chante tous les deux-. On a donc décidé de créer un groupe appelé SIXSIXSIK parce qu’on est démoniaque.
Aran s’est produit pour la première fois en France sur scène avec vous. Peut-on espérer d’autres collaborations ? Quelles étaient ses impressions ?
ISH-ONE : Bien sûr, j’ai produit son deuxième EP. Après lui avoir dit que j’allais faire un concert en France, il a pris son propre billet et m’a demandé “je peux venir avec toi?” et je lui ai répondu “oui!”. J’aime sa passion pour l’expérimentation. Aran est un superbe rappeur venu de Yokohama. J’étais satisfait de voir que les gens ont réellement aimé notre chanson et sa performance.
Non seulement le genre hip-hop est inscrit au Japon mais aussi dans de nombreux pays. Quel est la force de ce style musical ?
ISH-ONE : Après sa naissance dans le Bronx à la fin des années 70, il est devenu la voix de la jeunesse du monde. Il a la force d’extérioriser ce qu’il y a de bon et de mauvais. Je pense que le monde en a besoin. Et le hiphop rompt avec les règles de la musique pour devenir un commerce. Je pense que c’est bien de faire de l’argent mais nous ne devons pas oublier de faire passer un message, une culture, une croyance.
Quelle est la force du hip-hop japonais ?
ISH-ONE : Nous avons différentes cultures mélangées comme aux Etats-Unis mais d’une autre manière. Je pense que c’est cette essence qui rend le Japon si unique. Je veux davantage l’exporter dans le monde.
Quels sont les artistes japonais qui peuvent le plus laisser leur empreinte sur la scène hip-hop ?
ISH-ONE : Il y a pleins de superbes artistes donc je vous conseille d’y plonger.
Vous avez vécu une longue période de votre vie aux Etats-Unis, l’un des berceaux du rap. Avez-vous été influencé par “le style américain” ?
ISH-ONE : J’ai vécu à New York 9 années. Depuis que j’ai pris connaissance du hip-hop, les histoires de la musique rap m’apparaissaient comme des films. Je voulais vraiment voir et vivre ce type de vie. Donc j’ai déménagé à NY à l’âge de 18 ans. J’ai vécu grâce à des projets à Harlem, j’ai construit mon propre studio avec un ami dans une chambre et j’ai commencé à faire de la musique. J’ai appris beaucoup de choses grâce à cette ville donc je peux dire que New York m’a fait.
Voilà maintenant une longue période qui s’est écoulée depuis que vous avez commencé à travailler dans l’environnement undergound. Comment avez-vous perçu son évolution, son expansion internationale ?
ISH-ONE : C’est devenu plus mondial. Grâce à Internet, on peut se connecter avec des gens de l’autre bout du monde. Si votre musique est top et si vous avancez avec vos fans du monde entier, il y a pleins de possibilités.
Que connaissez-vous de la scène européenne/française de hip-hop ?
ISH-ONE : Je bougeais sur IAM et Solaar. Ils sont géniaux. Pour les nouveaux, je dirais Booba mais je veux en découvrir plus.
Que pensez-vous de ce partenariat avec Real Japanese Hip-Hop ?
ISH-ONE : Real Japanese Hip-hop connaît tout du hip-hop japonais. Donc j’étais content qu’ils me ramènent ici et me permettent de faire un show à Paris. Respect à Roger et Emiko, qui ont tout fait sur le site.
Quels sont vos projets pour cette année ?
ISH-ONE : Je sortirai mon album “TEAM2MVCH” en juin, un EP pour SIXSIXSIK en été. Et un sixième album pour septembre. Je prévois pleins de sorties et une tournée avant.
Comment s’est passé votre concert à Paris ?
ISH-ONE : C’était magnifique. J’étais vraiment content de voir les gens danser et bouger sur mes morceaux. Merci à tous ceux qui sont venus au concert et qui m’ont prouvé leur amour à La Place.
Que pensez-vous de vos fans européens ?
ISH-ONE : Je ne connais que mes fans français pour l’instant mais, ouais, je pense qu’ils essayent de comprendre plus en profondeur les chansons. Je pense que c’est parce qu’ils aiment l’art plus que n’importe quel pays dans le monde. Merci à tous !!
Qu’attendez-vous de la scène internationale pour vos projets ?
ISH-ONE : Je veux définitivement bouger et faire plus de concerts dans le monde. Parce que maintenant je sais que c’est possible.
Avez-vous une anecdote à nous partager de cette expérience en France ?
ISH-ONE : Nous avons vu des machines à préservatifs dans le métro. Nous en avons aussi au Japon mais j’en n’avais jamais vu dans les métros. J’étais sûr que Paris était la ville de l’Amour.
Un dernier mot pour votre public français ?
ISH-ONE : Merci à tous, on se retrouve bientôt ! J’aime tout le monde ! Reviens parce que je vais vivre (en français).
Il s’agissait de votre première fois en France, qu’en avez-vous pensé ? Pouvez-vous un peu nous parler de vous ?
Aran : C’était vraiment excitant et le public français était très réceptif donc j’ai pu faire ma performance avec une très bonne énergie. Je suis un rappeur de Yokohoma. Je chante sur la “rue”.
Quand avez-vous commencé à faire de la musique ?
Aran : Quand j’avais 17 ans. J’ai pris un micro et j’ai rappé. Ensuite, je suis allé plus loin avec ma passion pour la musique et j’ai commencé à réaliser les choses sérieuses en 2017.
Pourquoi avoir choisi le milieu du hip-hop et qu’est-ce qui vous inspire ?
Aran : J’ai choisi le hip-hop parce que c’est une musique dans laquelle je peux y mettre ma vie. Je peux m’exprimer grâce à lui. Quant à mes paroles, ça me vient souvent avec des idées soudaines, surtout quand je me réveille, je suis pris par un flow stylé et des paroles.
Prévoyez-vous d’autres collaborations et d’autres projets à l’avenir ?
Aran : ISH-ONE et moi avons tourné une vidéo à Paris qui sortira prochainement. Je prévois aussi de sortir mon prochain EP en juin. J’ai une tonne de chansons et j’en sortirai plus dans le futur mais je veux faire plus de collaborations avec des artistes du monde entier.
Comment s’est passée votre première rencontre avec ISH-ONE ?
Aran : Mon ami. Un rappeur de Yokohame, “Leon Fanorakis” me l’a présenté.
Que voulez-vous dire à votre public français ?
Aran : C’était top et amusant. Je veux vraiment revenir et revivre ça prochainement donc attendez-moi. Merci. Merci beaucoup (français).
Merci à l’équipe de Real Japanese Hip-Hop pour cette opportunité et à Xavier Norindr pour l’invitation.