Interview avec le groupe japonais Brahman à Orléans !

Brahman est un des plus grands groupes alternatifs du Japon. Le groupe est composé du chanteur Toshi-Low, du guitariste Kohki, du bassiste Makoto et du batteur Ronzi.

Ils ont été les premiers à ce joindre au projet Tohoku Livehouse Daisakusen, c’est d’ailleurs dans le cadre de la tournée française organisée pour cette opération que nous avons pu les rencontrer et nous entretenir avec le chanteur Toshi-Low pour une interview.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?

Je m’appelle Toshi-Low du groupe Brahman.

Que signifie le nom de votre groupe ?

Le nom du groupe a été trouvé par un membre qui a quitté le groupe, donc je ne connais pas toutes les raisons, mais je sais que c’est le nom d’un Dieu Hindou, donc une figure qui représente à sa manière l’Asie.

Comment définiriez-vous votre style musical ?

Globalement nous sommes du style Punk et Hardcore, mais en plus il y a un mélange de différentes musiques traditionnelles de l’Asie et voir même du monde entier.

 Quels sont vos projets à venir ?

Le projet que nous avons pour cette année est une tournée au Japon, grandes comme petite salles pour fêter nos 20 ans de carrière. Nous avons commencé depuis le début de l’année à visiter des salles dans lesquelles nous voulons jouer, beaucoup de petites salles, dans plein de petites villes, le but est de voir le plus de fans possible, de nous rapprocher d’eux, pour cette tournée qui est la 8ème édition de Hands and Feet 8. On essaye de visiter toutes les salles qui existent au Japon ou ailleurs.

Quelles sont les choses qui vous influencent dans votre musique ? Vos sources d’inspirations ?

L’esprit du Punk rock, dans ma jeunesse je m’inspirais de mes sentiments (colère, etc) mais en vieillissant, j’ai mûri, et l’énergie dans notre musique vient de l’amour, c’est devenu un amour de produire de la musique.

Pouvez-vous parler du projet TOHOKU LIVEHOUSE DAISAKUSEN ?

Le Nord-Est du Japon, la région de Tohoku, a été touché par un tsunami, aujourd’hui les habitants sont en train de reconstruire leurs villes, pour que tout le monde puisse rentrer chez soit le plus vite possible, on espère. Sauf Fukushima qui ne sera jamais reconstruit. Donc plus de 200 000 personnes vivent dans des centres de secours, et on se demande comment vont faire ces gens-là. Nous avons déjà réussi à faire reconstruire 3 live house sur 3 villes (salle de concert). Et on veut continuer d’autres projets, parce que tout le monde est concerné, même pour Fukushima nous avons créé une scène à énergies renouvelables, donc les gens peuvent revenir provisoirement dans leur ville. Ces gens sont d’ailleurs maintenant contre le nucléaire, alors qu’avant on ne pouvait pas trop le critiquer, mais comme le gouvernement n’agit pas et ne cherche pas à comprendre, nous devons agir, principalement les musiciens à leur manière s’expriment sur cette catastrophe et contre le nucléaire.

Comment avez-vous décidé de rejoindre le projet et pourquoi ?

Nous nous sommes déjà produits dans ces villes touchées par le tsunami, dans des petites salles publique, donc on connaissait déjà des gens et on avait des amis là-bas, donc sans avoir plus de raison, nous n’avons pas hésité, on est parti aider tout de suite. On devait bouger.

Ce projet a été créé dans le but de mobiliser en sensibiliser les gens suite au Tsunami de 2011, qui a gravement touché le Japon. Pourquoi choisir la musique comme intermédiaire pour sensibiliser les gens, au Japon ?

Quand j’étais petit, je me sentais impuissant, je ne pouvais rien faire, j’étais en colère et personne ne m’a aidé, seule la musique a pu m’aider à continuer d’avancer, c’est pour ça que je crois que la musique peut aider les gens, j’en suis convaincu, et c’est pour ça que je continue à faire ce métier. Et le jour suivant le tsunami, j’ai entendu dire que les gens qui nettoyaient la zone sinistrée (les gens qui initialement vivaient là), chantaient nos chansons, du coup, on a su qu’à notre manière on pouvait aider, et que peut-être il y avait des gens qui étaient comme moi quand j’étais petit et je veux essayer de les aider.

Avez-vous choisi les titres que vous allez interpréter dans le cadre de cette tournée spécialement pour ce projet ? Des thèmes précis par exemple.

Les musiques que nous avons choisies de jouer ont été créées depuis l’incident de 2011. Ce désastre a beaucoup influencé notre musique et notre activité en général. Donc à travers ces musiques qui ont un message, on espère toucher les gens.

Jusqu’à maintenant vous êtes venus en France pour faire des concerts en votre nom, comment vous sentez-vous d’être là pour présenter quelque chose de particulier, grâce à la musique ?

J’aime la musique, je faisais la musique qui me plaisait, et pour aider les gens, du coup je me sens plus proche d’eux quand je me produis sur scène. Ma musique est faite pour les autres, pour toucher les autres, c’est comme ça que j’aime la créer. Donc au fond ça ne nous change pas beaucoup de venir cette fois ce produire avec le projet Tohoku Livehouse Daisakusen, même s’il y a beaucoup de monde présent pour ce projet autour de nous, notre but reste le même : toucher les gens.

 Allez-vous participer ou organiser d’autres projets, toujours dans ce même but ?

Au début quand j’ai commencé ma carrière, j’entendais souvent des groupes de Hiroshima ou Nagasaki se battre contre le nucléaire, mais je n’avais pas l’impression d’être concerné. Mais “grâce” à l’incident de Fukushima, ça nous a réunis, on s’unit pour la même cause, contre le nucléaire.

Après, par exemple, il y a eu des glissements de terrain à Hiroshima, après de fortes pluies, des pans de montagne sont tombés et ont détruit beaucoup de maison, dont celles de nos amis. On s’était produit en concert la veille à Hiroshima, et nous sommes revenus bénévolement pour aider et nettoyer ce désastre.
On n’a pas de projet de ce genre dans le futur, et on espère qu’il n’y aura pas d’autre catastrophe, mais si cela arrive, qu’importe la distance, nous irons aider.

Message rajouté par Toshi-Low :

J’ai un petit message pour les gens qui aiment la musique asiatique, je pense que vous avez des lecteurs de différentes nationalités, et spécialement pour les personnes venant d’Asie, nous avons déjà joué en Chine, donc nous avons des amis là-bas et nous savons qu’il existe des personnes qui critiquent les autres pays asiatiques, franchement on s’en fiche, on aime tout le monde, tous les gens que nous pouvons rencontrer. Donc ne croyez pas ce que le gouvernement de votre pays peut dire, entre les musiciens, il y a un esprit commun, la musique réunit les gens, ne l’oubliez pas.

Ensuite, avant le tsunami du 11 mars 2011, les punks existaient déjà au Japon, alors que c’était un pays en paix, il n’y avait pas forcément beaucoup de raisons ou de choses à critiquer. Mais après le tsunami, le Japon a beaucoup changé, il n’est plus en paix, le gouvernement essaie d’avoir une armée par exemple (interdiction à la fin de la 2nde guerre mondiale), donc nous les punks japonais, tous ensemble nous nous tenons debout face au gouvernement pour dire non !

 

Merci pour l’interview.

Merci à Naoko, qui a été notre interprète pour cette interview et tout au long de la soirée.

Site web de Brahman : http://www.brahman-tc.com/

Page de l’évènement facebook : https://www.facebook.com/burningheads

Site web de Livehouse Daisakusen : http://www.livehouse-daisakusen.eu/livehouse_fr_menu.html

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