[CULTURE] Pourquoi le “busking”, l’art de se produire dans la rue, est-il si populaire en Corée ?

Hongdae, quartier populaire et jeune de la Corée, s’anime tous les soirs pour laisser la place à des artistes en tous genres. Musiciens, chanteurs et danseurs s’affrontent sans relâche dans la plus grande amitié pour attiser la curiosité d’un maximum de personnes et faire valoir leur légitimité en tant qu’artistes.

Sur les grandes avenues de certains quartiers de Séoul ou de Busan – mais pas que -, on peut faire la rencontre de ces nombreux artistes, amateurs ou professionnels, qui n’ont qu’un objectif : faire trembler le sol sous les acclamations du public. Si pour la plupart, les performances de rues sont organisées par des groupes de danseurs, des groupes de rock ou encore des artistes solistes indépendants qui avaient l’intention de se produire dans la rue, certaines performances s’apparentent davantage à des scènes ouvertes, des battles de danse ou de chant, des concours, des performances sportives ou tout simplement des mini-fêtes rythmées par les karaokés et la possibilité de prendre le micro à sa guise !

En Corée, l’art de satisfaire son public ou rien !

Le mot “busking” en anglais est quasi impossible à interpréter de manière juste en français mais s’apparenterait à une définition qui renverrait à « la manière de faire du bruit en jouant dans la rue ». Les Coréens eux, l’utilisent à leur guise pour désigner cet art de se produire et de donner des performances dans la rue, gratuitement, à un public complètement ouvert et par là de se laisser prendre au jeu du concert improvisé et d’un public à satisfaire.

Le « busking » est tout un art en Corée, et ce mot semble avoir pris une toute autre définition depuis que la musique et la danse sont devenus les maîtres-mots d’une jeunesse prise dans ce mouvement ultra-rapide d’ascendance d’une culture musicale coréenne propre.

Pourquoi les coréens apprécient-ils tant de se produire dans la rue ?

Il s’agit là d’un moyen de booster sa carrière et de venir à la rencontre de ses fans, et d’un public nouveau. De nombreuses idoles déjà établies apprécient alors de donner des performances de rue. On compte parmi elles des performances de The Rose, Band Corona, de CLC, des EXID, et plus surprenant encore pour un groupe de cette envergure, des TWICE (en Suisse). En plus de surprendre leurs fans et parfois de les rejoindre lorsque ce sont ces fans eux-mêmes qui dansent sur certains morceaux, ces idoles peuvent retrouver le plaisir de se produire au delà de la scène, et dans un cadre beaucoup moins bien organisé, beaucoup plus simple et donc parfois plus excitant. On rapproche ces performances de rues des “guerilla date”, autrement dit des rencontres surprises avec les fans dans la rue, donnant souvent lieu à de grands rassemblements autour des artistes.

Retrouvez par exemple la performance de Hyolyn après la sortie de son single “Dally”.

On ne doute pas du poids du busking dans le monde de la musique, puisque beaucoup d’artistes se font repérer de cette manière. Par exemple, les CN BLUE ont commencé leur carrière en étant repérés par des producteurs lors d’une performance de rue totalement amatrice donnée au Japon.

En d’autres termes, le “busking” pour les artistes est une performance plus intime, parfois plus honnête et surtout un véritable défi à relever étant donné que la plupart des badauds ne connaissent pas nécessairement les artistes en question et leurs acclamations révèlent alors la réussite de la performance. Entre “flashmob” et “busking”, les artistes apprécient de rejoindre leurs fans pour des performances exceptionnelles et des plus intimes.

Notons aussi que les coréens sont très exigeants en matière de performance et de réussite. La rue est donc le meilleur moyen d’évaluer son talent, et son excellence.

Le “busking”, un concept autre en Corée ?

Si l’art de se produire dans la rue est si particulier en Corée, c’est parce qu’il révèle un réel désir de faire plaisir à l’autre et même de s’y confronter directement. Les groupes de cover de danse K-pop et autres sont d’ailleurs ceux qui se produisent le plus dans la rue et amènent parfois à de grandes battles. Les gens apprécient aussi de pouvoir se mêler aux danseurs et dévoiler leur talent sans qu’aucun jugement ne soit porté, mais qu’au contraire, seule la performance soit valorisée.

D’ailleurs, on remarque quelque chose d’assez étonnant avec ce concept de “busking” en Corée : au delà de la nécessité pour certains groupes de gagner de l’argent en se produisant dans la rue, beaucoup donnent simplement ces performances sans l’intention directe d’obtenir un quelconque gain.

Plus encore, le “busking” se mêle aussi aux scènes ouvertes, et certaines personnalités sont connues pour permettre aux gens de profiter de ce moment pour exprimer leur talent. Certains rendez-vous sont même quotidiens, comme ceux de la chaîne Youtube K-Pop Cover Street Karaoké, crée par un jeune homme passionné de chant qui propose alors aux passants de se mesurer à des chansons reconnues dans le monde et de faire état de tout leur potentiel ou encore la chaîne Daily Busking, qui répertorie tous les spectacles de rue.

La rue n’est donc pas qu’un lieu de partage, mais devient aussi un lieu de compétition. Les coréens sont conscients du fait que l’exigence pour intégrer des agences ou pour être repéré et travailler dans le milieu artistique est si élevée qu’il faut absolument faire ses preuves et montrer que l’on est capable de supporter la pression. Pour cela, rien de mieux que la rue, la scène la plus difficile à conquérir.

Des performances qui deviennent mythiques

Les meilleurs ne se retrouvent pas seulement sur scène, mais se retrouvent aussi dans la rue. Certaines performances deviennent donc complètement mythiques, comme celles des K-Tigers (l’équipe nationale de taekwondo connue pour mêler art, danse et figures acrobatiques) et d’autres deviennent un symbole de persévérance et d’ambition. Se produire dans la rue peut apparaître comme effrayant pour beaucoup et incarne donc cet esprit de réussite personnelle.

Pour d’autres, le “busking” reste encore un fantasme, notamment pour ces idoles qui aimeraient pouvoir se produire dans la rue, mais qui, en raison d’une notoriété trop importante, créeraient un vacarme immense. C’est le cas des BTS qui ont exprimé à de nombreuses reprises leur désir de se produire dans la rue.  Peut-être aussi est-ce là tout l’intérêt du “busking” ? Se produire dans le respect de l’artiste. L’artiste, en même temps, se mesure aux potentiels problèmes techniques : le bruit de la rue, la météo, les problèmes avec les amplificateurs, avec les instruments, le sol inconfortable et davantage.

Si vous voulez voir ces performances de rues, et vous plongez dans une ambiance digne d’un concert de K-pop, rien de mieux que le quartier de Hongdae. Mais désormais, vous trouverez de plus en plus d’artistes dans les autres quartiers, puisque le “busking” est devenu une culture à part entière et un art. Certains ne se dédient d’ailleurs qu’à lui. Encore une fois, les coréens apprécient beaucoup la dimension illimitée et infinie de l’art, de la musique et de la danse et savourent dans des ambiances complètement différentes les performances données par les artistes.

En attendant, on vous a concocté un petit mélange des meilleurs vidéos de busking dans la rue. A votre avis, le busking en Corée, c’est un nouveau plan marketing ou une nécessité pour un artiste digne de ce nom ?

Source images : thekoreaherald, getlostmagazine

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