Aujourd’hui, dans un contexte de crise sanitaire internationale et alors qu’elle honore la mémoire des victimes du covid-19, la Corée se souvient encore de l’effroyable tragédie qui l’a marquée il y a six ans tout juste, le 16 avril 2014. Alors que le pays arbore avec fierté les couleurs de sa mer et de ses îles, le ferry Sewol de la Compagnie Maritime Cheonghaejin a connu un sort impitoyable.
Ce monstre de 146 mètres qui assurait la liaison entre Incheon et l’île de Jeju a emporté au fond des eaux avec lui 304 vies, pour la plupart, celles de jeunes étudiants du lycée Danwon de la ville d’Ansan. Ce jour-là, avec 476 passagers à son bord, le ferry faisait naufrage à seulement 1,5 km au large de l’île de Donggeochado, dans la province de Jeolla-do.
A 8h58 du matin, un signal de détresse est émis et immédiatement, une alerte est donnée. Les secours viennent alors sur place et s’étonnent de la situation : aucun radeau de sauvetage n’est mis à l’eau et la météo est favorable à une navigation tranquille. L’équipage, dont le commandant de cabine, est immédiatement mis en cause et les questions fusent : “comment le capitaine a t’il réagi ? Pourquoi le navire s’est-il échoué alors qu’aucune condition ne laissait présager le pire ?”
Les familles des victimes et des rescapés ont immédiatement été prévenues, et les scènes de rassemblement ont été pour beaucoup synonyme d’horreur. Dans le monde entier les messages de soutien aux familles circulent. Personne ne comprend comment cet événement, la pire tragédie qu’ait connu la Corée depuis 1995 ( ndlr : l’effondrement du magasin Sampoong, causant la mort de 500 personnes) a pu se produire.
Le bilan est terrible : après des mois de recherches intensives menées par les secours, on annonce que 304 personnes y ont perdu la vie, l’espoir de retrouver des survivants balayé par le temps.
Le proviseur adjoint du lycée, Kang Min Kyu, l’un des survivants, s’est donné la mort quelques temps plus tard, incapable de faire face et de continuer à vivre alors que ses élèves avaient eux perdu la vie. Pendant des mois, l’incompréhension planait en Corée du Sud. Dans une société aussi développée, personne ne comprend pourquoi personne n’a anticipé une crise d’une telle ampleur.
Le 28 avril 2015, les enquêtes autour d’éventuels problèmes techniques et autour de la procédure de sauvetage pendant le naufrage ont abouti à une condamnation à perpétuité du capitaine Lee Jun Seok, qui a tenté d’échapper à sa responsabilité face à l’affolement, et à 30 années de prison ferme pour le chef mécanicien. L’épave est renflouée au port de Mokpo le 31 mars 2017.
Aujourd’hui, la Corée tente encore de se remettre de cette tragédie. Un hommage aux victimes est rendu chaque année -près du lieu du désastre à Jindo– avec des commémorations et des aides apportées aux familles. Impossible pourtant pour les familles et les survivants de ne plus pleurer les victimes.
“Birthday”, un film réalisé par Lee Jeong-eon sorti le 3 avril 2019 honore la mémoire des victimes en reprenant de manière fictive l’histoire d’une famille brisée après le décès de son fils Su-Ho dans un naufrage.
Puissent leurs âmes reposer en paix.
Source : TheKoreaHerald, bbc.news, cnn