Alors que l’équipe vous dévoilait hier le tout premier reportage sur l’escale parisienne des BTS à l’occasion de leur tournée des stades intitulée « Speak Yourself », c’est cette fois-ci un deuxième compte-rendu que nous sommes ravis de vous transmettre.
Rappelons que le groupe BTS, qu’on ne présente désormais plus, se fait un peu le nouvel « or noir » coréen. Entre une popularité incontestable et un talent de toute évidence reconnu, les 7 garçons ont désormais leur place sur la scène économique et politique internationale. Adoré, voire même glorifié, pour lui, la tournée des stades devient alors inévitable.
On essaiera alors de vous faire revivre la deuxième date, et par là celle qui marque la dernière date de la tournée américano-européenne des garçons à travers l’article suivant. Plus personne ne doute de la capacité des BTS à assurer un spectacle à la perfection, mais l’équipe s’est donnée pour défi ce soir-là de saisir les petites nuances, voire même les petites faiblesses, qui ont rendu ce spectacle plus intéressant, et surtout plus honnête.
Le stade de France s’est transformé en un eldorado pour les fans de K-pop. Dès notre arrivée, on ressent à quel point les fans sont en ébullition. Par rapport au tout premier concert en solo du groupe à Bercy en octobre 2018, le public semble assez hétérogène : familles, amis, de tout âge et surtout venus d’horizons différents attendent impatiemment de pouvoir franchir les grilles. D’ailleurs, on apprécie la fluidité des longues files d’attente, à contrario très désorganisées quelques mois plus tôt.
Entre celles et ceux qui ont eu l’occasion de faire un détour par le pop-up store ouvert pour l’occasion et les parents avides de découvertes, le concert promet d’être assez différent. Entre majesté et grandeur, le stade de France paraît immense avec ses quelques 60 000 personnes venues profiter d’un concert qui s’annonce haut-en-couleurs.
Avant d’entrer dans le stade, on appréhende quand même d’assister à un concert façon remake de la tournée « Love Yourself », sur fond d’une « mania » un peu démesurée. La setlist est quasiment la même, à l’exception de des quelques morceaux empruntés au nouvel album « Persona : Map of The Soul ». En bref, entre excitation et appréhension, les sentiments sont quelque peu confus, même si l’on a hâte d’accueillir les artistes avec bienveillance.
Placés côté gradins, on regrette un instant le manque de visibilité, avant de se rendre finalement compte que le spectacle vu d’en haut n’en sera que plus beau encore.
Pendant près de 2 heures, les fans s’impatient, mais ne manquent pas de chauffer le stade, de s’amuser à partir des clips diffusés – et on reprochera aux ingénieurs sons de ne pas avoir augmenté le son –, de chanter en rythme, de sauter, frapper des pieds ou encore de s’adonner à l’hymne des White Stripes. Alors que progressivement, le stade se remplit de personnes passionnées et prêtes à profiter de cette soirée tant-attendue, le soleil apparaît et ne manque pas d’arracher quelques sourires aux personnes présentes la veille, qui n’avaient pas eu la chance de profiter du même climat.
A quelques minutes du début, aux alentours de 20h, la salle s’anime davantage. Devant nous, des parents s’étonnent de l’ambiance, et semblent prendre conscience que la soirée n’est pas des plus classiques !
Des show mans hors-pairs
Sur une orchestration épique, digne d’un combat héroïque antique, les effets pyrotechniques sont lancés, les tigres se lèvent, et les BTS entrent en scène sur « Dyonisus », l’un des titres-phares du tout dernier album. Mythique dans tous les sens du terme ! En tout cas c’est bien ce que veulent nous transmettre Jin, Taehyung (de son nom de scène V), Hoseok (J-hope), Jimin, Namjoon (RM), Jungkook et Yoongi (Suga). L’impulsion est donnée au concert, alors que sur une des chorégraphies des plus méticuleuses, le groupe est bien décidé à profiter de cette dernière soirée, avant de rentrer chez lui.
Alors que dans un autre stade, la France affronte la Corée du Sud à l’occasion du top départ de la Coupe du Monde, les BTS sont parés à laisser leur empreinte sur la scène d’un des stades les plus mythiques.
La foule est en délire et le groupe réclame toujours plus de bruit alors qu’il descend de son trône pour assumer que ce jour ne sera en aucun le dernier. La performance sur « Not Today » est l’une des exclusivités de la tournée, et bien sûr l’une des plus attendues ! Sur une chorégraphie ultra-énergique, pleine de puissance et surtout débordante de passion, les 7 jeunes hommes se mêlent à leurs danseurs et donnent le meilleur d’eux-mêmes sur une version remasterisée du titre. Plus que jamais intense, la performance de « Not Today » est aussi l’occasion de réaliser l’un des projets organisés par la fanbase, le fameux « foot stomping » aussi traduit comme « impact avec les pieds ». La plupart des artistes s’étonnent à chaque fois de ces coups, lorsque les fans frappent des pieds sur les gradins, et apprécient alors d’entendre la salle, et ici – malgré une acoustique sonore limitée par la structure – d’entendre le stade vibrer sur le rythme bien prononcé du refrain.
Une pause n’est pas de refus pour les sept jeunes épuisés après ces deux morceaux. Malgré la fatigue, le concert vient tout juste de commencer, et ils comptent bien offrir le meilleur show aux fans, qui se régalent d’avance des prochaines performances. « Faire le spectacle », voici le credo de ce début de concert.
Le leader RM prend la parole simultanément en français et en anglais afin de présenter le groupe, sous l’ovation du stade entier :
“Bonjour, nous sommes BTS ! Nous sommes ici à Paris. Je suis RM, enchanté.”
La formule est bien connue des amateurs :
“Je suis votre espoir. Vous êtes mon espoir. Je suis J-hope ! Merci beaucoup.”
“Bonjour, je suis V, enchanté.”
“Enchanté, je suis Suga.”
D’une simple farce, l’expression est devenue un véritable surnom :
“Ici Worldwide Handsome Jin.”
“Paris, enchanté. Je suis JK. Je t’aime.”
Les fans ont l’air particulièrement ravis de le voir et son anglais semble s’être aussi amélioré depuis :
“Bonjour, je suis Jimin. Paris, nous sommes finalement dans ce stade ici. Faites du bruit !”
V : “Regardez ça ARMY ! C’est vous qui l’avez fait, je vous aime.”
L’apprentissage par cœur est de rigueur, les discours travaillés, mais ça n’empêche pas les fans de s’en délecter.
En tant que nostalgiques d’une certaine époque, la performance suivante ne peut que nous satisfaire. Avec « Wings », les garçons tentent de bien exploiter l’espace et de déployer leurs ailes avec les ARMY. Certains gestes sont peu assurés, mais le moment est vraiment agréable. Alors que tout le monde tape des mains, les BTS parcourent la scène et rejoignent l’arrière pour finalement en sortir, et laisser la place à deux VCR, annonçant –sans grande surprise- les deux prochains morceaux. Toujours appréciables pour les fans, ces petits moments de pause sont surtout l’occasion de savourer quelques making-of et autres moments de complicités entre les artistes, pendant qu’eux se changent et se préparent à de nouveau enflammer la scène.
Et pour cause, qui dit showman aguerri dit nécessairement J-Hope. Sur « Just Dance », alors que la scénographie ne diffère pas franchement de celle de Bercy, mention spéciale à l’artiste, à qui on attribue incontestablement le titre de “bête de scène” de la soirée. Entre la chorégraphie minutieuse et les pas de danse improvisés, dont un moonwalk façon Michael Jackson, le rappeur-danseur est assurément dans son élément, surtout sous les applaudissements des fans. Rien n’est plus jouissif pour un artiste que d’entendre son nom acclamé par des milliers de personnes ! Les danseurs sont aussi à féliciter pour leur synchronisation sans le moindre accroc et surtout la fluidité avec laquelle ils se mettent ensuite en place pour accueillir Jungkook. De toute évidence, le spectacle est millimétré, conduit par des experts qui règlent tout à la minute prêt.
Les prémices d’un lâcher-prise enivrant
Le stade se meut sur les premières notes de « Best Of Me ». Le groupe est au complet, et semble friand de rose et blanc. On est ravi de pouvoir entendre ce morceau électro-pop en live. Au programme : pas de chorégraphie mais une occupation de l’espace et un moment de complicité avec les fans. On suppose que les fans des premiers rangs ont davantage pu profiter de cet instant que ceux situés à l’autre bout du stade. J-hope déborde d’énergie, à tel point qu’émane de lui avec une facilité déconcertante sa vocation pour la scène. Né pour danser, c’est Hoseok qui prend le dessus sur le masque qu’il revêt habituellement sur scène. La performance n’est pas exceptionnelle, mais l’on se languit de découvrir les prochaines surprises réservées par le groupe. En bref, il faut comprendre que ces deux premières parties ont été mises sous le signe du spectaculaire et que même si la nuit n’est pas encore tombée et que les Army bomb n’ont pas encore fait leur effet, on en prend déjà plein la vue, à notre plus grande satisfaction.
Un interlude poétique
Le temps de mettre en place le décor, ce sont Jimin et RM que les vidéos présentent.
D’ailleurs, le premier est particulièrement à l’aise ce soir. On ne flatte plus sa sensibilité en tant que danseur, ni même son talent d’interprétation mais l’on assume que le moment est particulièrement fascinant. Toujours dans une bulle, c’est un tout autre décor qui épouse à merveille la poésie de “Serendipity”. Entre voyage poétique et évasion dans un ailleurs, le moment est comme à son habitude, sublime. Sublime pour la beauté de la danse, sublime parce qu’il faut être doté d’une très grande sensibilité pour pouvoir en maîtriser les moindres mouvements. En bref, c’est une telle ivresse, un tel envoûtement que même le Stade de France ne parvient pas à résister à la délicatesse de l’instant. La chorégraphie s’imprègne d’une telle musicalité qu’on ne peut que se laisser transporter et y plonger la tête la première. Aériens, mais pas que, puisque les corps effleurent le sol, et font corps avec la scène, les danseurs et l’interprète se mettent totalement à nu, toujours avec cette espèce de pudeur contrôlée. Mais pour Jimin, ne “jamais trop montrer” n’est absolument pas le maître mot. Alors, quand le chanteur se délecte de l’unisson du stade et que quelques sourires ainsi qu’un baiser lui échappent à la fin, on ne doute pas que lui aussi se rend compte de l’intensité du moment. A ce moment-là, on se fait la réflexion qu’il est vraiment intéressant de voir un public dans la fleur de l’âge, un public d’adolescents mais aussi un public de parents, qui retombent dans l’innocence de l’enfance.
A contrario, si la danse s’est faite la garante d’une explosion de sensibilité, chez le leader, RM, c’est autre chose qu’on ressent. Ce soir-là, le jeune homme ne semble pas être au meilleur de sa forme. Si le sourire et le cœur y sont, le regard est ailleurs. Plus pudique, voire même en retrait, certains diront même mélancolique, le leader est d’une sincérité sans précédent. On le découvre introverti, dans son monde, un ailleurs impénétrable. Pour autant, à travers « Love », il communique et tente de nous ramener à lui, ou simplement d’extraire quelque chose de lui. Ce qu’on apprécie à ce moment-là, c’est que le spectacle sur écran est tout aussi beau. Alors qu’il est trop souvent frustrant de passer un concert à ne visionner que les écrans géants, ce soir-là, et grâce aux effets instantanés créés par les ingénieurs et régisseurs, on découvre que l’écran donne une autre tonalité à la performance, un autre souffle. La performance est sublimée par l’ostinato des mots « amour, personne, vent » interprétés par tous.
Une ARMY de fans au caractère bien trempé !
Le « faites du bruit » crié par J-Hope n’est pas passé par l’oreille d’un sourd ! Lorsque les Bangtan se mettent en place, les fans savent très bien qu’ils vont pour la première fois –ou la deuxième- assister à une performance exclusive sur le tout nouveau tube « Boy With Luv ». Si certains l’attendaient, la plupart savait toutefois que Halsey ne pouvait pas être présente ce soir. Mais pas de quoi en faire un drame, car les fans ont suffisamment pris le relais pour s’improviser les nouveaux interprètes du morceau. Les fans chants retentissent et surprennent ceux qui n’y sont pas habitués. La chanson, funky se prête naturellement à une bonne ambiance, tandis que la basse fait vibrer les enceintes. La chorégraphie, elle permet au groupe de se laisser aller à quelques taquineries : une “bromance” délicieuse pour les fans. Seul bémol : le choix de la scène du fond qui transforme un peu la performance en un live d’inspiration music show. Le groupe est bien au courant des projets organisés par les fanbases, et Jungkook profite de la visibilité pour adopter le même geste que celui des fans avant que le groupe ne prenne la parole, après sûrement quelques révisions dans les coulisses !
Avec quelques mots en français tels que le “fantastique” de V ou le “moi aussi” de Jungkook et surtout avec une interprétation –pour laquelle on tire notre chapeau- du très emblématique -et aussi très cliché- titre de Joe Dassin, “Aux Champs-Elysées” par Jungkook, le groupe séduit sans grande difficulté le public.
Les BTS annoncent alors le medley tant attendu de trois gros tubes -qui leur ont permis d’atteindre cette apogée, “Dope”, “Baepsae” et “Fire”, trois morceaux qui ont enflammé le stade. Suga se permet même de chauffer la salle en français, à coup de “Vous êtes prêts ?”.
Dès les premières notes, les fans sont en transe. D’en haut, alors que le soleil se couche, les lumières des Army Bomb brillent de mille feux. Suga est plus que jamais motivé sur “Dope” et nous offre un rap époustouflant. J-hope, Jungkook et Jimin sont déchaînés. C’est au tour de RM et de V de prendre possession de la scène sur “Baepsae”, avec une rage inconnue, et si l’un d’eux s’amuse avec la caméra, l’autre refait ses lacets et n’oublie pas qu’un incident est vite arrivé sur scène. Le medley est à l’évidence démentiel. Sur un beat ultra-rythmé, J-Hope dévoile une prestation solo de krumping et un grand écart que les fans ne sont pas prêts d’oublier. Encore une fois, le danseur est épatant !
On ne les arrête plus, et on se demande même si Jungkook ne va pas finir par s’écrouler tant il bouge. Les fans répondent aux appels du groupe et sur fond de lumière verte mettent encore plus l’ambiance,. La partie de la chorégraphie tant prisée sur “Fire” est vivement acclamée. L’énergie se transmet mutuellement, et le medley est définitivement l’un des moments forts de la soirée.
A ce moment là, le lâcher-prise se fait des deux côtés, et même si il n’est pas émotionnel, il provoque un émoi si positif qu’on se dit qu’en effet, un concert au Stade de France vaut peut-être vraiment la peine d’être vécu.
Immédiatement, le groupe enchaîne sur le remix d'”Idol”. Les ARMY ne sont plus que fanchants, cris et encouragements. L’ambiance est à son climax, alors que pour le dernier refrain une quinzaine de danseurs montent sur scène et réalisent sous les vives acclamations du stade les pas à succès du morceau. On en profite pour découvrir une version plus longue qu’on savoure mieux qu’à Bercy.
Le souffle d’un artiste
Inévitablement, c’est l’arrangement rock et plus sombre de “Fake Love” qui suit la prestation de V : la chorégraphie est parfaitement maîtrisée, les quelques fausses notes de Jimin ne retirent en rien la qualité de la prestation, mais on ne comprend toujours pas pourquoi Jungkook hyper-sexualise encore son image en montrant ses abdominaux sur un morceau aux antipodes de cette intention. Cela dit, vu d’en haut, le carré-or est d’une synchronisation sans équivalent sur les fanchants et les levés des lumières bleues.
Après des VCR dont on se passerait bien, Suga prend place sur le titre “Seesaw”. L’artiste dégage un charisme naturel, mais ne fournit pas pour autant sa meilleure performance. Alors que son talent ne peut être nié, on reste un peu sur notre faim, même si il n’est pas déplaisant de voir que le rappeur chante aussi pour lui. On aurait tout de même apprécier d’en voir plus, étant donné le potentiel du titre. Jin, quant à lui, s’improvise aussi musicien le temps d’un instant. Avec son fameux micro rose pailleté, Jin nous ravit avec une performance épurée et profondément honnête. Sur une scénographie qui rappelle les séquences du clip d’“Epiphany”, les fans et le chanteur se laissent bercer par le message de la chanson, surtout sur les notes de fin. A certains moments, la musique s’efface pour laisser place à un silence -enfin, de ce qui peut se faire dans un tel concert- et l’on savoure alors l’arrangement musical.
Jin reste sur scène, et les trois autres vocalistes le rejoignent sur des plateformes surélevées pour interpréter “The Truth Untold”. Si vous aviez suivi le compte-rendu du concert du 19 octobre, vous n’êtes pas sans savoir que V a laissé couler des larmes face à son incapacité à délivrer une bonne performance. Alors, quand il inaugure la chanson de son timbre rauque, les fans sont aux anges et peuvent enfin profiter de toute l’intensité et la douceur provoquées par le morceau. La mise à nu est ici travaillée, puisque c’est en réalité l’effet escompté. On jouit ainsi des différentes couleurs dans les voix des quatre jeunes hommes et surtout des couleurs que prennent enfin le stade, plongé dans le noir !
Les chanteurs troquent leurs places contre celles des rappeurs, dans des tenues signées Kim Jones de chez Dior Homme. Comme à Bercy, “Tear” est phénoménale. Sur fond d’orchestre à cordes, de rythmes travaillés à l’ordinateur, RM nous livre sa meilleure performance, avec un flux verbal d’une vitesse et d’une maîtrise étonnantes. Le titre qui tire son thème du court-métrage “Highlight Reel” est une explosion de sensations. Et même si –avouons-le-, sa version studio est un culte à l’auto-tune, il s’inscrit assurément comme l’une des meilleures productions du groupe. A défaut d’écouter un Paganini ou un Vilvadi, on peut se consoler avec la version instrumentale de “Tear”.
Une passion commune !
Que l’on apprécie ou non la chanson “Mic Drop”, la performance ne peut être que félicitée. De notre côté, la collaboration avec Steve Aoki n’est pas vraiment notre tasse de thé, mais le plaisir est là, lorsque les BTS et les fans dansent vigoureusement. Point positif : la chanson est interprétée en coréen. Surprise aussi, le groupe choisit de présenter sa version remixée, célèbre depuis les MAMA 2017 à Hong Kong. Aux côtés des nombreux danseurs, le groupe assure une performance digne de ce nom, sur un breakdance redoutable.
La pause est sensée permettre aux ARMY de réaliser leur projet, dont l’interprétation de la sublime chanson “Sea”, choisie en urgence par un sondage quelques jours à peine avant le concert, après l’attribution de “Young Forever” aux fans britanniques. Certains étaient plutôt réticents à l’idée d’interpréter “Sea”, loin d’être classée au sommet des charts. A contrario, nous sommes impatients d’écouter 60 000 personnes se réunir à l’unisson sur l’un des plus beaux morceaux du groupe. Malheureusement, là où nous sommes, la sauce ne prend pas. Quelques échos de refrain se laissent entendre, mais l’effet n’est pas celui escompté. Quelque peu déçu et frustré, on tient toutefois à saluer l’entrain avec lequel les fans abordent ensuite l’Army Time. C’est bien connu, à Paris, personne ne se laisse abattre, et les fans sont prêts à prouver à quel point ils sont passionnés et à quel point l’ambiance de concert en France, c’est quelque chose !
Pour dire, les vagues géantes se multiplient, les fans se lancent dans des jeux de questions-réponses et à coups d’hymne des White Stripes ou de cris d’encouragement, l’instant est un grand moment d’animation, où petits et grands se laissent aller à une manifestation de joie incroyable. Les foot stompings continuent, les mains claquent et les cris fusent d’autant plus, lorsque le groupe remonte sur scène pour interpréter “Anpanman” et “So What”. A l’occasion de ce dernier concert, les BTS reviennent en enfance grâce à ces structures gonflables. Un océan de couleurs envahit la salle, et entre le rose, le jaune et le vert, d’en haut, le rendu est sublime. Tradition oblige, les sept garçons n’oublient pas de se taquiner et Jimin en fait les frais, lorsque plusieurs bouteilles d’eau se vident sur lui.
V s’amuse alors des secousses des gradins :
“On se sent si bien !”
J-Hope : “Je suis si heureux de partager ce moment avec vous, ARMY.”
“Make It Right” résonne alors dans la salle et dans une sérénité totale, le groupe semble enfin être plus tranquille. A ce moment là, il refuse d’impressionner et préfère tout simplement s’échanger des sourires et apprécier le moment avec les ARMY. A l’exception des quelques lightsticks ancienne génération, similaires à des étoiles, le reste est très sobre. Au cœur de la prestation, pas d’exaltation, simplement une appréciation de la musique.
Le concert approche de sa fin, et l’heure est au discours final, au plus grand désarroi des fans. L’étonnement est général chez les membres, qui se délectent d’entendre les fans chanter un “joyeux anniversaire”, à l’occasion de leur 6 ans. Après des vives remerciements, place à une photo collective, les poings levés, façon “super-héro indestructible”.
Comme à leur habitude, les BTS souhaitent jouir au maximum de ce que le public français peut leur proposer. L’un de leurs challenges phare du moment : réaliser une vague géante dans le stade. Bien évidemment, le public parisien répond avec enthousiasme à cette demande, et c’est Jimin qui donne le top départ en traversant la scène en courant. Mieux vaut deux fois qu’une, et la vague se transforme en un tsunami indomptable. Et parce qu’on n’est jamais assez gourmand, une troisième fois n’est pas de refus.
“Magnifique” selon V.
RM prend naturellement la parole et demande alors aux membres de confier leur ressenti, en commençant par Suga :
“Paris… Paris… Faites du bruit ! Vous avez été les meilleurs. Ça fait déjà plus d’un mois qu’on est à l’étranger. Aujourd’hui est le dernier jour de notre tournée. Nous sommes vraiment tristes parce que nous aurions voulu aller dans encore plus de pays, partir à la rencontre de plus d’ARMY. En étant le dernier, c’était l’un des meilleurs ! Je vous remercie d’avoir passé ce bon moment avec nous et espère vous revoir l’année prochaine.”
La réaction est immédiate. Les BTS sont-ils en train d’annoncer qu’ils reviendront l’année prochaine ? A l’évidence, oui, et les fans s’en languissent déjà.
Arrosé par ses amis, Suga en joue et V dévoile alors tout le vocabulaire français qu’il possède : “Fantastique, sexy !”.
C’est au tour de Jungkook, habitué des tournées depuis son plus jeune âge, de prendre la parole, avec une maturité déconcertante, avant d’être interrompu par les chants des fans :
“Je trouve que vous chantez vraiment très bien. Je suis vraiment heureux de pouvoir conclure ces 40 jours de tournée à Paris.”
L’émotion est grande chez lui lorsqu’il confie qu’il retournera le lendemain en Corée, et qu’aujourd’hui, il a mis toute son énergie dans le concert :
“Vous avez vraiment été les meilleurs aujourd’hui. Je vous remercie, j’ai vraiment envie de revenir à Paris. [En français] Je n’oublierai jamais tous les souvenirs avec vous, dans mon cœur pour toujours. Merci beaucoup, Paris, je vous aime.”
Jin s’exprime ensuite :
“Aujourd’hui est le dernier jour de notre tour d’Europe. Je ne suis pas triste. On va revenir l’année prochaine. Je reviendrai l’année prochaine pour ressentir toute la chaleur de chez vous. ARMY, je vous aime !”
Sur fond de “foot stomping”, V troque son micro :
“Aujourd’hui était vraiment un bon concert. Demain nous repartons en Corée mais nous n’avons vraiment aucun regret. J’étais vraiment heureux et j’espère vous revoir l’année prochaine. Je n’ai pas une bonne prononciation mais j’ai quand même préparé une phrase : ‘Paris, si vous nous aimez, vous pouvez nous dire en français que vous nous aimez. […] J’aime vraiment Paris, je n’oublierai pas et je reviendrai.’
La réaction est plutôt drôle : une demi-heure plus tôt, il endossait le rôle du grand charmeur. Là, il est dans son plus simple appareil et s’embarrasse presque de son accent. Le discours est sobre, loin d’une éloge dénuée de sincérité, même si le fanservice n’est jamais très loin.
Jimin, étonnant par son énergie, se montre plus souriant que jamais, et met sa pudeur de côté :
“Army ! J’ai appris des phrases en français mais je veux être sincère dans mes paroles, donc je préfère parler en coréen. Notre tour d’Europe arrive à sa fin, et je tiens vraiment à vous dire merci de nous avoir permis de faire cette tournée. Je suis vraiment quelqu’un qui a envie d’être heureux. Mais durant cette tournée, les membres à mes côtés, le staff et vous m’ont permis d’être plus heureux. Je me suis senti heureux pendant la tournée, et je veux que vous le soyez comme moi. Je ne doute pas que cet esprit de bonheur soit avec vous, que vous l’avez en vous. J’ai envie que vous soyez heureux et que nous soyons l’une des raisons de votre bonheur. ARMY, je vous aime de tout mon cœur. Je vous aime.”
J-Hope s’est montré épatant cette soirée-là, et triche un peu en lisant quelques phrases sur le téléprompteur :
“Je ne suis pas confiant mais j’ai quand même préparé quelques phrases en français : ‘Aujourd’hui, cette dernière nuit, on donne tout. On a terminé notre tour sans incidents et ça nous a permis de sentir à quel point vous nous aimez. Vous êtes vraiment mon seul espoir, merci d’avoir passé ce bon temps avec nous. On vous aime. Merci beaucoup.”
Enfin, le leader prend la parole. Un dernier cri comme exutoire et il décide de livrer son ressenti en tant que musicien :
“Vous savez pourquoi Paris est toujours la dernière destination ? Parce que c’est la meilleure. Pour une personne qui fait de la musique et des concerts, Paris est une ville artistique.”
Face au “Namjoon président”, le musicien déclare ressentir ce que les fans disent, même si il ne comprend pas.
“Je vous aime, on se voit très bientôt. Chacun de vous a sa propre lumière dans l’histoire, donc Paris s’il vous-plaît, éclairez-nous avec vos téléphones. Flash. Levez les mains en l’air.”
Comme dernière chanson, le groupe fait le choix de “Mikrokosmos”. Le stade de France devient alors un macrocosme, une galaxie illuminée par les flashs, une galaxie d’étoiles. Alors que c’est l’occasion pour tous les fans de chanter à l’unisson une dernière fois, Jungkook descend soudainement de scène pour aller saluer une fan invalide, sous l’hystérie générale des fans situés aux premiers rangs. Malheureusement, le jeune homme ne parvient pas à faire le chemin jusqu’à la demoiselle sans se faire bousculer et la sécurité décide d’intervenir afin de le faire remonter sur scène. Le lendemain, la toile s’enflamme sur cet événement, et on tient à rappeler qu’avant tout, la sécurité prime ! Personne ne devrait prendre de tels risques et être mu par une pulsion égoïste en omettant qu’il s’agit avant tout d’un moment de partage. On espère que cette jeune femme et les fans aux alentours, n’ont pas été trop bousculés.
En bref, le concert se termine sur les salutations collectives des équipes de danseurs, techniques, des BTS et surtout sur un sentiment de sérénité. Tous sont émus et on assume que ce concert a une tonalité particulière pour le groupe, qui quitte définitivement la scène sur l’écho de “Mikrokosmos”. Le Stade de France s’est ce soir-là fait le témoin d’un moment anthologique, de partage, entre musicalité, sensibilité et intensité.
Remerciements aux équipes techniques (directeurs artistiques, ingénieurs sons, cameraman…), à la troupe de danseurs, aux fans, et surtout aux BTS pour ce délicieux voyage.
Setlist :
- Dionysus
- Not Today
- Outro : Wings
- Trivia : Just Dance
- Euphoria
- Best of Me
- Serendipity
- Trivia : Love
- Boy With Luv
- Medley Dope/Baepsae/ Fire
- IDOL (remix)
- Singularity
- Fake Love (rock remix)
- Trivia : Seesaw
- Epiphany
- The Truth Untold
- Outro : Tear
- MIC Drop
Army Time
Rappel
- Anpanman
- So What
- Make It Right
- Mikrokosmos