[CULTURE] Le jeheonjeol : lorsque la Corée du Sud voit enfin le jour le 17 juillet 1948

Le 17 juillet 1948, la Corée du Sud naît officiellement. Après la scission avec le voisin nord-coréen et la fin d’un impérialisme japonais, la Corée du Sud promulgue sa Constitution, le point de départ dans la proclamation d’un Etat.

Le jeheonjeol, ou jour de la constitution de la Corée, célèbre donc cette journée où les Coréens peuvent enfin voir la création de leur propre Etat, indépendant de toute tutelle.

En effet, en 1919, avec le mouvement pour l’indépendance, la Corée du Sud avait tenté de proclamer sa première constitution, avec un gouvernement provisoire, en vain, en raison de l’occupation japonaise. C’est donc sous la présidence de Syngman Rhee que la constitution de 1948 s’est établie.

Le mouvement du 1er mars 1919, aussi connu comme le mouvement de l’indépendance. 

Que doit-on comprendre ? 

Elle signifie alors que la Corée du Sud est une nation à part entière, avec son propre conseil constitutionnel, son propre gouvernement et surtout sa propre législation, essentielle dans la proclamation d’un Etat.

Selon les termes de cette constitution de plus de 130 articles, la Corée du Sud devient une république démocratique, déterminée géographiquement selon les limites de la péninsule coréenne et des îles adjacentes, qui doit essayer de repenser la réunification en se basant sur des principes de liberté et de démocratie.

Autrement dit, elle ne nie absolument pas son voisin nord-coréen et cherche au contraire à mettre en oeuvre une politique de réunification. Rappelons qu’à cette époque, la guerre de Corée n’a pas encore éclaté, et la division n’est pas totalement intégrée et admise dans l’esprit des diplomates. Entre autre, à priori, lorsqu’ils parlent de “péninsule coréenne”, ils envisagent aussi le territoire du Nord. Voilà pourquoi cette constitution est d’autant plus ambiguë qu’elle est révolutionnaire.

Que trouve t’on dans cette Constitution ?

Une Constitution propose une législation officielle et des principes démocratiques qui garantissent la stabilité d’un état et servent de références politiques, économiques et sociales. En bref, la Constitution de la République de Corée propose des articles concernant les droits et libertés individuelles, les principes économiques et sociaux et surtout la constitution d’un ordre et la répartition des pouvoirs premiers d’un gouvernement : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

Parmi les quelques articles de la “première” -en tant qu’elle a véritablement été promulguée- constitution avant ses révisions, on retrouve l’idée que c’est le président qui possède le pouvoir exécutif et qui nomme le Premier ministre, que les individus mis en examens et poursuivis doivent absolument avoir connaissance des chefs d’accusations qui pèsent contre eux, ou encore que le pays doit s’ouvrir à une économie plus libérale avec une stratégie du commerce international.

En bref, la Constitution se positionne au dessus d’une nation en même temps qu’elle est un texte d’application de principes au sein de cette nation. 

Mais la Constitution de la République de Corée n’a pas échappé à quelques révisions. C’est en 1952, toujours sous Syngman Rhee qu’elle connaît sa première modification. Pas très nette, cette première modification a toutefois encouragé le pays à adopter un modèle plus capitaliste et à revoir le nombre possible de réélections présidentielles.

C’est quelques années après le conflit que la deuxième république de Corée, en 1960 est inaugurée. Toutefois, avec le coup d’Etat de Park Chung Hee en 1961 et son assassinat en 1979, la Corée du Sud connaît un nombre croissant de changements de politiques. C’est en 1988 que la sixième république de Corée voit le jour, plus démocratique, sous Roh Tae Woo, à partir d’un référendum populaire.

Et de nos jours ? 

Aujourd’hui, le Jeheonjeol est considéré comme la seule fête nationale qui n’est pas un jour à férié, depuis 2008.

Le 17 juillet rappelle donc à la nation coréenne les complexités de son établissement et surtout la tension perpétuelle qui réside dans certaines questions diplomatiques, dont les rapprochements diplomatiques avec le voisin nord-coréen, l’un des échos principaux et l’une des zones d’ombre de la Constitution. Sa situation si particulière en a fait un texte avec des principes bien ancrés et mûris depuis le temps. En effet, étant donné que le pays a connu la colonisation, la division et d’autres épreuves encore, ses principes sont désormais solidifiés et le peuple coréen lui accorde une importance toute particulière.

La Corée du Sud a encore beaucoup de progrès à faire dans l’application effective de ces principes et même dans l’adoption de nouvelles lois -à cause d’un conseil constitutionnel encore trop conservateur- mais on ne doute pas que le peuple coréen aspire à faire honneur aux idées démocratiques.

Le peuple coréen manifeste contre la décision de la Cour Constitutionnelle sur l’IVG. 

Sources images : OuestFrance, Francediplomatie, lepetitjournal

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