La fondation d’une antenne culturelle de l’Ambassade de Corée
Inauguré le 16 décembre 1980, le Centre Culturel Coréen, branche culturelle de l’Ambassade de Corée, fait partie des 32 centres coréens à l’étranger. A savoir, le nouvel ambassadeur de Corée en France est Choi Jong Moon.
Localisé sur un point stratégique, à mi-chemin entre le Musée des Arts Asiatiques Guimet et le Trocadéro, le Centre Culturel Coréen fait aujourd’hui peau neuve et inaugure son nouveau bâtiment, sur rue de la Boétie, non loin de l’Elysée, qui fait près de cinq fois la superficie de l’ancienne fabrique !
Les équipes de celui qu’on nomme plus communément le CCC travaillent aussi en collaboration avec d’autres institutions culturelles dont le Musée National Folkorique de Corée ou l’Office National du Tourisme Coréen à Paris.
Une médiation culturelle institutionnalisée
Par sa fonction politique, le Centre Culturel Coréen est l’un des instruments de la diplomatie culturelle de la Corée du Sud. Plus qu’un rôle d’intermédiaire, c’est un véritable rôle de transmission d’un savoir et d’une culture qu’il intente de porter grâce à sa polyvalence.
Cette structure fondamentale aux échanges recoupe et regroupe toutes les pratiques culturelles pour proposer un éventail des couleurs de la Corée. Et même si parfois le risque est de se cantonner à certains secteurs -dont les arts plus traditionnels- ou de tomber dans une forme d’élitisme, le Centre culturel Coréen se popularise de manière exponentielle, avec l’observation de l’avancée de la hallyu, de la culture pop coréenne, qui entraîne nécessairement sa restructuration et sa réadaptation par rapport à un public de plus en plus jeune. A l’occasion de son inauguration, une soirée spéciale K-pop est organisée ce soir-même, gratuitement !
Pour faire clair, le Centre Culturel Coréen a vocation à être un hub -si on vole cette image aux géographes- en rassemblant de multiples flux qui témoignent de la richesse et de la diversité des pratiques culturelles coréennes : de cours de langue aux concerts, en passant par les expositions et les concours (littéraires, K-pop), non seulement le Centre doit véhiculer ces représentations et faire lui-même office de représentation d’une culture coréenne bouillonnante mais aussi transmettre les outils pour parvenir à intégrer ces modèles culturels, d’où la nécessité de proposer des cours d’apprentissage de la langue ou des cours d’introduction aux arts manuels.
Ces événements culturels soulignent une dimension politique à ne pas ignorer. Le Centre culturel doit incarner une véritable diplomatie culturelle, à l’image des politiques de diffusion de la culture coréenne. D’ailleurs, parfois, même si il n’accueille pas en ses locaux certaines manifestations, il n’en reste pas moins le principal organisateur.
Cette médiation culturelle s’organise donc autour d’un programme varié : du cinéma avec la diffusion de films ou le festival du film coréen aux expositions sur l’histoire d’une nation en passant par le soutien à d’autres projets extra-muros. L’enjeu de ce pôle est aussi la transmission d’un savoir, la restitution de connaissances, d’où son propre éditorial, avec ses dossiers spéciaux (actuellement à sa 98me édition, sa première publication remonte à 1981) et sa bibliothèque avec un fond de près de 20000 ouvrages, en coréen, mais aussi en français. Grand centre de recherche documentaire, le Centre Culturel Coréen propose donc des ressources qui peuvent susciter l’intérêt non seulement des amateurs et friands de culture coréenne mais aussi des chercheurs et étudiants.
Sa polyvalence témoigne aussi de son intérêt à se réinventer et à prendre conscience des enjeux actuels, dont l’affirmation massive et populaire d’une culture portée par une jeunesse plongée dans le numérique et dans l’ouverture vers un ailleurs. Son objectif est d’ailleurs de se moderniser et on ne doute pas que cette nouvelle installation lui apportera un coup de boost !
Le Centre expertise aussi les pratiques sociales actuelles, et avec cette montée en puissance de la vidéo, il ne peut que chercher à suivre le mouvement avec le nouveau projet de l’ambassade “Coréateurs”. Il s’inscrit donc dans cet intermédiaire entre les projets et intentions des diplomates et leurs applications sociales concrètes auprès d’acteurs hétérogènes, du jeune fan de K-pop au professeur de linguistique.
Le rôle déterminant d’une institution pour la diaspora coréenne en France
Mais la responsabilité d’une institution culturelle est aussi de remarquer qu’elle est porteuse d’un enjeu identitaire. En plus d’être un véritable lieu et espace de sociabilité, le Centre Culturel Coréen a aussi pour rôle de se faire le pôle d’une intersubjectivité entre les ressortissants coréens de France et les coréens qui séjournent de manière plus ou moins étendue en France.
Dans cette diaspora coréenne, et d’ailleurs dans les logiques de toutes les minorités, un modèle se dégage, celui de rechercher des pratiques sociales où l’on peut rentrer en relation avec des pairs, autrement dit ici, des coréens.
En regard de l’article de Hélène Zinck “la communauté coréenne de Paris : petite introduction”, paru dans la revue Nouvelles Mobilités en 2001 -même si il n’est plus réellement d’actualité et qu’il ne prend pas en compte l’épanouissement fulgurant d’une culture populaire coréenne dans le monde et par là une reconnaissance plus opulente des individus coréens- on peut retenir une chose, c’est qu’une grande partie de ressortissants coréens en France viennent pour des études qui touchent à une profession intellectuelle ou artistique, d’où la nécessité de trouver des points d’ancrage et de pouvoir s’identifier a minima à des institutions ou autres formes qui incarnent une identité. En bref, un centre culturel porte donc en lui ce rôle dynamisant d’ouverture vers une autre culture, d’où son importance pour le processus d’intégration et de compréhension intrinsèque de certaines valeurs.
Source : centreculturelcoréen