[LIVE-REPORT] La Cube en perte d’identité ? Les PENTAGON en font les frais dans un spectacle qui laisse sur sa faim…

Le 25 octobre, une masse de fans se réunit au Bataclan pour accueillir les PENTAGON sous l’organisation de MyMusicTaste, à l’occasion de leur première tournée européenne et de leur première escale en France. Le groupe de la Cube, favori de ces demoiselles, a au moins ce soir là le mérite de prouver que la pop mainstream a de grandes qualités, même si le concert nous laisse sur notre faim et que l’énergie mise y est plus ou moins hétérogène, incitant à un spectacle trop scolaire pour des tracks qui font tout le boulot.

Entre show dénué de spontanéité, ou du moins de vrai personnalité, et performances entraînantes et bon enfant, on peine à clarifier le ressenti général, qui oscille entre grand intérêt pour la musique proposée et faux attendrissement pour ces artistes, parmi lesquels, seuls deux-trois parviennent à sortir du lot, et étrangement, pas les plus attendus à l’aune des plus populaires. Ce ne sont finalement pas tant les artistes qui manquent de cran ou d’audace, mais bien l’environnement qui les entourent –à comprendre la signature Cube Entertainment, perdue entre un G-IDLE ultra-tendance et un BTOB plus tellement populaire- qui dessert le nonet, victime d’un déséquilibre interne. On ne dit pas que les membres ne sont pas tous talentueux, loin de là, simplement que ce concert n’est pas la plus belle illustration d’une cohésion de groupe à couper le souffle. On a presque l’impression que les PENTAGON sont les isolés de la Cube, et qu’ils font en sorte, tant bien que mal, de tirer leur épingle du jeu, tantôt avec brio, tantôt avec incidence. Et c’est peut-être parce qu’ils ont ce statut volage qu’ils nous livrent un show aussi incertain, où leur musicalité intéressante leur subtilisent un titre de showman qu’on aurait bien aimé leur conférer.

Pour comprendre pourquoi on endosse un titre aussi rude que “la Cube en perte d’identité”, à comprendre qu’elle n’est pas victime d’une absence de popularité ou de déficit économique -quoi qu’à en juger par les données actuelles, il est clair qu’elle n’est pas à l’acmé qu’on lui avait connu il y a deçà quelques années- que plutôt d’une carence d’identité, on vous dévoile ce report. N’hésitez pas à nous livrer vos propres impressions, qui -on tient à le rappeler- peuvent être complètement opposées à notre appréhension du concert !

Après un VCR stérile, destiné surtout à provoquer l’émoi d’un public composé d’une grande majorité de jeunes femmes, les 8 garçons -ce soir-là- débarquent sur scène dans une EDM énergique mais fondue dans la masse des propositions intéressantes de la musique dance mainstream. Rien de bien transcendant, si ce n’est une émulation façon festival peu assumée par tous, dont Yuto, qui attise toutefois notre curiosité par sa discrétion. Par contre, une chose est sûre, c’est qu’il faut assurément tirer son chapeau aux ingé lumières et techniques, figures essentielles de l’optimisation et de la concrétisation du nom de la tournée “Prism”. On aura d’ailleurs rarement vu un ingénieur-lumière aussi décalé et forcené, et c’est tout à son honneur ! Après “Shalala”, “Gorilla” assure le show, avec un Kino qui prend le lead du cortège sans faire dans la demi-mesure pour exécuter la “danse du gorille”, connue de tous, même si le volume du son, trompeur, sur-couve notre inclination puriste du live. Alors, on se console en profitant musicalement de ce morceau dompté par les cuivres et par son thème entêtant.

Aficionado des concerts ou non, vous n’êtes pas sans savoir que le deuxième ou troisième morceau marque aussi le premier ment de la soirée, sous des acclamations trop aiguës pour nos tympans. De gauche à droite et sous un “Seven Nation Army” initié par Shin Won lui-même, ce dernier se présente avec un “fantastique”, suivi de Hong Seok qui n’hésite pas à jouer de son sex-appeal, de Kino, du leader Hui, du pétillant Jin Ho, de Yeo One, du charismatique Yuto et du maknae de la bande Woo Seok avant que tous ne déclarent que “l’ambiance à Paris est bouillonnante”.

S’en suit alors l’exécution de “Like This” et “Runaway”, dans un travail bien fait, qui ne dépote pas pour autant ! Les deux tracks font allégeance à leur côté pop-EDM romantique, à tel point qu’aucune chorégraphie n’est exécutée pour la première partie de “Like This” qui démarre sur un fanchant bien mené, un moment de partage que les fans ont l’air de franchement apprécier. La performance de “Runaway” nous a déjà un peu plus dans ses filets, quoique pas complètement si Hui et Jin Ho n’avaient pas assuré le lead. Le motif d’une mélodie électro est particulièrement risqué, et on se dit qu’il n’est pas donné à tout le monde de sortir la tête de l’eau dans un océan aussi compétitif ! Est-ce que la Cube a mis en garde ses progénitures ? On n’en est pas si sûrs. Si on apprécie le travail bien fait, on a quand même du mal à rester de marbre devant ce côté trop lisse.

Pour le groupe, les fans “sont chauds ce soir” et Hui dévoile que le groupe “a réfléchi plus en détails en préparant cette tournée. Jinho prend la relève et déclare avoir “travaillé sur la sélection des morceaux en partageant leurs idées” mais aussi “avoir étudié la langue pour communiquer” avec les fans. Kino met d’ailleurs son apprentissage en pratique en lançant un “j’adore, adorable, fantastique” et même si “la langue française est très difficile”, le groupe a fait “beaucoup d’efforts”.

“Just Do It Yo !!” et “Humph!” s’enchaînent sous les acclamations, tandis que “Humph” porte la signature pop des PENTAGON des derniers mois. Inévitablement, nos pensées vont à E’Dawn qu’on imagine sans grand soucis prendre la responsabilité de la performance. Plus niais et enfantin, le groupe n’a pas de mal à entraîner avec lui l’audience, en s’adonnant au fan service et sourires en tout genre, qui séduisent la gente féminine.

Alors que les jeunes hommes s’éclipsent en coulisses pour se changer et s’hydrater, un VCR animé se déclenche sur l’écran. Façon jeu vidéo rétro, chaque membre est incarné par un avatar. Après BTS World, c’est donc PENTAGON World qui propose aux fans une petite distraction. A chaque attaque, l’audience crie “Oh”, à chaque saut, “Hey”. Vous l’imaginez, le VCR s’achève dans le chaos humoristique le plus total, méli-mélo de “Hey, Oh”.

Changement d’ambiance total lorsque la dance line -composé de Hui, Kino, Yeo One et Yuto- monte sur scène pour interpréter un ballet sensuel sur “Bad Guy” de Billie Eilish. La performance a l’effet escompté, autrement dit, n’a pas de honte à augmenter la température d’un cran. Pas de couleurs chaudes ou de déhanchés pour la vocal line qui affronte complètement son parti-pris du boysband en reprenant l’incorrigible “Best Song Ever” des anciennes coqueluches des adolescentes, le british band, One Direction. Au programme : sauts et complicité avec le public. Les quatre minots, à défaut de livrer une prestation vocale à couper le souffle, ont au moins l’air de s’amuser avec le public, qui prolonge les onomatopées du refrain avec l’autre team, de nouveau embarquée sur scène pour présenter le titre interprété précédemment. Les PENTAGON savent parfaitement quoi faire pour satisfaire l’audience. Il suffit de voir la manière dont Hong Seok se trémousse sur “Bad Guy” une fois revenu sur scène pour comprendre que le groupe a bien répété à l’avance ses discours !

Les deux unit se réunissent finalement pour une performance sur un “Critical Beauty” au potentiel massif, l’une des rares présentations qui nous aura fait décoller. Avec un prélude inspiré d’un swing à la Elvis, “Critical Beauty” a le mérite de nous faire “taper des mains” ! Et même si la voix nasillarde de E-dawn n’est plus d’actualité, on parvient à franchement apprécier ce morceau qui sort un peu de nulle part. Par contre, “Skateboard” et “Can You Feel It” s’enchaînent sans grande transcendance, si ce n’est par leur qualité des formations chorégraphiques.

Le groupe explique alors à l’occasion d’une nouvelle interaction qui aurait mérité mille fois plus de spontanéité la signification du terme “prism” et les prochains morceaux interprétés, des ballades. “Sexy”, “doux”, on a plutôt l’impression que les PENTAGON se vendent à défaut de savoir lâcher-prise.

“When It Rains In Night” et “Beautiful” rappellent les BEAST de “On Rainy Days” et laissent penser que les sonorités Cube ne sont peut-être pas totalement essoufflées et mises au placard. Après avoir flatté les fans avec des “You are beautiful” lancés à tout va, le groupe repart en coulisse et laisse place à un autre VCR.

Par contre, “Lost Paradise” est soutenu par un Hui charismatique qui est bien l’un des seuls à assumer la puissance du morceau, de quoi nous laisser sur notre faim tant le titre est aux antipodes de toute la setlist proposée jusqu’alors. “Lost Paradise” aurait mérité davantage de spiciness sur scène ! Changement d’ambiance complet avec “Till” qui fait lever les lightsticks des Universe. Le titre manque encore de cran et a tendance à se perdre dans le méli-mélo des ballades romantiques proposées par les boysbands mainstream.

A l’occasion d’un autre moment d’interaction, le groupe s’essaye à la langue française, franchement soutenu par une audience qui ne cesse plus d’hurler ! “Montrez nous vos rêves, montrez-nous vos couleurs” arrachent à la foule des acclamations supplémentaires. “Deuxième round” d’un medley prévu à l’avance, et bien ficelé qui se prolonge avec les fanchants du public. “Fantasystic” prend alors la suite, et là, les PENTAGON jouent à fond la carte des tonalités estivales. L’ingénieur lumière et la création des plans arrières à l’écran sont très agréables pour la vue, de quoi saluer le travail des directeurs artistiques de la tournée qui mettent en place des décors visuels allant du motif mandala à celui du temple et  optent pour des tonalités bleu-violet, qui laissent au rouge le droit de faire son apparition par intermittence. Funky, “Pretty Pretty” satisfait aussi le public, mais le fan service reste un tantinet exagéré et exacerbé.

Retournement de situation quand les premières notes de “Spring Snow” résonnent. Les PENTAGON s’essayent à tous les genres musicaux, et ce pop-rock leur va à merveille.

Et bien sûr, la spontanéité de l’interaction n’est postulée que grâce aux fans, qui initient un “Joyeux anniversaire” à Yanan, absent ce soir-là, moment que le groupe s’empresse d’immortaliser. Et alors que tous assurent sans faux-pas les discours de fin, Hong Seok déclare que ses parents sont présents dans la salle et fêtent leur anniversaire de mariage, de quoi donner un peu de caractère à ces moments d’échange. Inévitablement, les fans sont là pour assurer l’ambiance et offrir aux parents du jeune homme des applaudissements et footstompings fidèles à leur réputation, quitte à ne plus porter l’attention sur le jeune homme, à son plus grand désarroi – en toute ironie-.

“Naughty Boy” et “Shine” résonnent et leur association fait sens, puisque c’est le thème au piano qu’on retrouve aussi dans “Humph!” qui caractérise le mieux l’identité PENTAGON. Les fans l’attendaient, “Shine” rassemble tout le monde à l’unisson.

Enfin, l’encore est porté par “Thumbs Up” et “Spectacular”, et malheureusement, même si le groupe s’amuse à interagir avec le public et à initier une bataille d’eau, son potentiel reste inexploité.

Le groupe quitte la scène et le concert nous laisse hésitant : entre des morceaux qui ont une signature extrêmement intéressante et d’autres qui s’inscrivent plutôt dans cette tendance d’un boysband classique revisité , on a l’impression que la Cube n’a plus le cran d’avant, et que le concert est simplement un enchaînement de performances bien exécutées et d’interactions trop scriptées. Les PENTAGON ne semblent pas parvenir à se défaire d’une étiquette qui leur colle à la peau, alors que bon nombre des membres sont aptes à porter des performances et des morceaux plus nuancés, plus intenses, et plus caractériels. En voyant le nombre de vues sur Youtube, on se dit que la Cube manque à la promotion des titres les plus singuliers du groupe et préfère se lancer dans une quête de reconnaissance et de records, qui en vient à perdre le groupe dans la compétition des idols. A en juger aussi par le potentiel de créativité de certains garçons, notamment Hui, on aurait tendance à penser que les PENTAGON manquent d’équilibre et de balance, de quoi nuire à l’attention portée à leurs performances. Quoiqu’il en soit, on ressort de ce concert peu affecté, et on aurait qu’un conseil à donner à la Cube -à notre humble avis-, c’est de mieux exploiter le potentiel de chacune des personnalités qui constitue les PENTAGON et de ne pas les mettre sur la touche !

Un grand merci à MyMusicTaste et aux équipes techniques et artistiques de la tournée ainsi qu’aux PENTAGON.

Setlist 

  1. SHA LA LA
  2. Gorilla
  3. Like This
  4. RUNAWAY
  5.  Just do it yo!!
  6. Humph!
  7. Reprise de “Bad Guy” de Billie Eilish (Hui, Yeo One, Yuto, Kino)
  8.  Reprise de “Best Song Ever” de One Direction (Woo Seok, Shin Won, Jin Ho, Hong Seok)
  9. Critical Beauty
  10. SKATEBOARD
  11. Can You Feel It
  12.  When It Rains In Nights
  13. Beautilful
  14. Lost Paradise (Hui, Woo Seok, Yuto, Kino)
  15. Till… (Yeo One, Shin Won, Jin Ho, Hong Seok)
  16.  Fantasystic
  17. Pretty Pretty
  18. Spring Snow
  19. Naughty Boy
  20. Shine
  21.  Thumbs Up!
  22. Spectacular

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